Le Bloc québécois compte « forcer » cette semaine la Chambre des communes à se prononcer sur le poids politique du Québec, qu’il estime « en danger » avec la proposition d’Élections Canada de retirer un siège à la province.

« À partir de la seconde où on tolère cet affaiblissement, on diminue le poids politique des Québécois. Et ça, c’est très dangereux, parce qu’on s’en irait dans une direction jamais empruntée depuis 1966. Ça pourrait être le début d’une glissade qui ferait que le Québec perdrait du pouvoir », explique à La Presse le leader parlementaire du Bloc québécois, Alain Therrien.

Son parti compte profiter d’une « journée de l’opposition » prévue mardi, qui permet aux partis représentés de choisir la motion qui sera débattue avec le gouvernement, pour soumettre l’enjeu au vote de la Chambre. « On veut montrer que, pour nous, ça va être le cheval de bataille, la priorité », soutient le bloquiste.

Les élus fédéraux devront dire s’ils estiment – oui ou non – que « tout scénario de redécoupage de la carte électorale fédérale qui aurait pour effet de faire perdre une ou des circonscriptions électorales au Québec ou de diminuer le poids politique du Québec à la Chambre des communes doit être rejeté ».

Après un débat, le vote aura lieu mercredi. Le Bloc cherche ainsi à « entraver » le processus de redécoupage en cours, mais aussi à « accélérer » sa contestation, déjà cristallisée par le dépôt d’un projet de loi visant à protéger le poids politique du Québec, au début de février.

Forces en présence

Selon les calculs du directeur général d’Élections Canada, Stéphane Perrault, le nombre de sièges aux Communes devrait passer de 338 à 342 dès 2024 si l’on veut tenir compte des changements au sein de la population canadienne. L’Ontario et la Colombie-Britannique, qui détiennent respectivement 121 et 42 sièges, devraient en obtenir 1 de plus chacune. L’Alberta, qui a 34 sièges, devrait en obtenir 3 de plus. Le Québec, lui, devrait en principe perdre 1 de ses 78 sièges, parce que sa population croît à un rythme moins élevé que la moyenne.

Mais selon Alain Therrien, ce calcul ne tient pas la route, notamment parce que le Québec n’est pas une « province comme les autres ». « Pas plus tard que l’an passé, la Chambre a reconnu le statut spécial du Québec, comme une nation francophone. Ça veut dire que ce qui est bon pour une province, ce ne l’est pas nécessairement pour le Québec », soutient-il.

Dans les derniers mois, cette nouvelle répartition des sièges avait provoqué de vives réactions. Le gouvernement Legault était monté au créneau, tandis que le Parti conservateur, le Nouveau Parti démocratique et le Bloc québécois avaient affirmé que le Québec ne pouvait perdre un siège. Justin Trudeau, lui, s’était contenté de dire qu’il s’agissait pour le moment d’une recommandation d’Élections Canada.

« On pense qu’on a des chances de gagner ce vote. Ça nous prend les deux autres partis de l’opposition avec nous ou les libéraux. Et si les libéraux vont à l’encontre des Québécois, ça va être gênant pour eux », conclut M. Therrien.

Avec la collaboration de Joël-Denis Bellavance, La Presse