Le centre de services scolaire Marguerite-Bourgeoys revient sur ce qu’il avait annoncé et renonce à faire sa propre enquête sur l’école Saint-Laurent, a appris La Presse.

Au début de février, trois entraîneurs de basketball – dont l’un était gestionnaire de l’école et un autre, surveillant d’élèves – ont été arrêtés puis accusés d’agression sexuelle, d’exploitation sexuelle et d’incitation à des contacts sexuels.

Divers articles dans les médias ont ensuite mis en lumière « l’omerta » qui aurait sévi à l’école Saint-Laurent. D’anciennes joueuses, des parents et des membres du personnel de l’école ont raconté avoir tenté en vain de sonner l’alarme au fil des ans sur le climat nocif dans le programme de basketball et sur l’intimidation vécue par des joueuses.

Devant ces allégations, le centre de services scolaire Marguerite-Bourgeoys a alors publié un communiqué pour dire qu’elle mandatait sur-le-champ une firme d’experts afin de faire la lumière « sur le climat de travail et ces évènements relatés » dans les médias.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

Bureaux du centre de services scolaire Marguerite-Bourgeoys, à Montréal.

Au même moment, Jean-François Roberge, ministre de l’Éducation, a annoncé que le gouvernement y allait de sa propre enquête.

Si une firme externe a bel et bien été mandatée par le centre de services scolaire Marguerite-Bourgeoys, il a finalement fait marche arrière, à un moment qui n’a pas été précisé.

« Considérant qu’il est devenu impossible de tenir deux enquêtes de manière simultanée sur la même situation, c’est le ministère de l’Éducation qui prendra en charge celle-ci. Le ministère peut compter sur notre entière collaboration », a répondu par courriel Annie Bourassa, coordonnatrice aux communications du centre de services scolaire Marguerite-Bourgeoys.

Au cabinet du ministre Jean-François Roberge, on n’a fait aucun commentaire, sinon pour dire que ce n’est pas à sa demande que le centre de services scolaire a laissé tomber son intention de faire faire sa propre enquête par une firme externe.

Jean Bernatchez, professeur à l’Université du Québec à Rimouski et spécialiste en gestion et gouvernance scolaire, avoue que d’une manière ou d’une autre, il ne fondait aucun espoir dans l’enquête de la firme d’experts. Elle aurait très bien pu faire un travail honnête, « brosser un portrait très juste de la situation », mais le centre de services scolaire aurait pu garder secrètes ses conclusions, même si des demandes d’accès à l’information avaient été faites. Devant de telles demandes, « les organismes publics ont l’habitude d’envoyer des rapports tout à fait caviardés », observe M. Bernatchez.

Dans le cas présent, le centre de services scolaire, qui avait lui-même retenu les services de la firme privée, « aurait eu tout intérêt à ne pas divulguer toute la vérité ».

Cela étant dit, M. Bernatchez doute fortement que le gouvernement soit plus transparent dans sa propre enquête. À tout prendre, il estime qu’au moins, la décision qui a été prise évitera aux contribuables de payer pour une enquête de plus.

La justice suit son cours, par ailleurs, en ce qui concerne les accusations criminelles portées contre Daniel Lacasse, Robert Luu et Charles-Xavier Boislard.

Craignant qu’ils n’aient fait d’autres victimes, la police a publié un communiqué pour inviter toute personne qui aurait été victime ou témoin de gestes criminels depuis 2005 à joindre ses enquêteurs.