Le Réseau canadien anti-haine trouve préoccupant que des écussons d’un groupe néonazi canadien aient été trouvés sur l’équipement saisi par la GRC de l’Alberta lors des manifestations du « convoi de la liberté » à Coutts.

« L’existence de groupes comme celui-ci au sein du mouvement d’occupation des convois est très préoccupante », dit d’emblée Elizabeth Simons, directrice adjointe du Réseau canadien anti-haine.

Lundi, la Gendarmerie royale du Canada (GRC) de l’Alberta a publié une photo d’une importante saisie d’armes à feu dans des semi-remorques bloquant le poste frontalier de Coutts. Les agents ont saisi 13 armes d’épaule, des armes de poing, plusieurs ensembles de gilets pare-balles, une machette, une grande quantité de munitions ainsi que des chargeurs de grande capacité.

Deux écussons noirs avec une bande blanche diagonale, représentant le mouvement Diagolon, étaient visibles sur un des gilets pare-balles.

PHOTO FOURNIE PAR LA GRC

Deux écussons représentant le mouvement Diagolon sont visibles sur le gilet pare-balles.

De nombreux membres du groupe Diagolon sont « ouvertement antisémites et racistes », et ils parlent souvent d’« exécuter leurs ennemis », indique la directrice adjointe du Réseau canadien anti-haine. Leurs ennemis sont les médias, le gouvernement, les politiciens traditionnels et ceux qu’ils considèrent comme des communistes, détaille-t-elle.

C’est son chef, Jeremy MacKenzie, de la Nouvelle-Écosse, qui a popularisé le concept de Diagolon, soit un pays idéal allant en diagonale de l’Alaska à la Floride, en passant par les provinces de l’Ouest et le centre des États-Unis, indique Mme Simons. « Il est devenu le symbole du mouvement et du réseau, que l’on estime aujourd’hui à plusieurs milliers de membres provenant du Canada, des États-Unis et de l’Australie », dit-elle.

Le Réseau canadien anti-haine observe que le groupe Diagolon, qui était autrefois essentiellement en ligne, a désormais une présence « dans la vie réelle ». « Nous avons vu des réseaux se développer dans tout le pays, et ils organisent des réunions et des rencontres pour apprendre à se connaître, partager des connaissances, etc. », dit Mme Simons.

La droite radicale dans les convois

« La situation à Coutts n’a fait que confirmer nos inquiétudes concernant le réseau [Diagolon] », dit Mme Simons. Elle soutient qu’il n’est pas rare que des groupes extrémistes se joignent à un mouvement plus large pour tenter d’atteindre leurs objectifs.

Mardi, La Presse rapportait que le gouvernement fédéral et les autorités avaient sous-évalué l’importance des objectifs et le degré d’organisation des groupes et leaders issus de la droite radicale qui se sont immiscés dans les convois mobilisés un peu partout au Canada, selon plusieurs experts.

« Il convient de noter que la majorité des participants au convoi et des occupants ne sont pas forcément d’accord avec les méthodes ou les tactiques que les personnes arrêtées à Coutts ont tenté d’utiliser », précise toutefois Mme Simons.

De son côté, la GRC de l’Alberta a indiqué qu’elle « reprendra ses efforts pour mettre fin au blocus illégal » et a invité tous les participants qui sont impliqués à quitter les lieux immédiatement.