(Montréal) La Société des établissements de plein air du Québec (SEPAQ) a annoncé qu’elle élaborera dans les prochains mois un plan d’intervention pour contrôler la population de cerfs de Virginie dans les parcs nationaux du Mont-Saint-Bruno et des Îles-de-Boucherville.

La SEPAQ, qui prend part aux travaux du comité de gestion du cerf en milieu urbain et périurbain, où siègent également des experts du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP), indique que les recommandations des experts et des scientifiques mandatés penchent « en faveur de l’utilisation d’une méthode de réduction létale » des cerfs. La méthode létale ne signifie pas nécessairement l’euthanasie, les autorités pourraient avoir recours à l’abattage, mais cela reste à déterminer, a précisé un porte-parole de la SEPAQ, Simon Boivin.

« Dans une répartition différente, parce que le parc national des Îles-de-Boucherville a une problématique plus criante que celle du parc national du Mont-Saint-Bruno, on parle d’au moins 200 cerfs qui vont faire partie de cette opération-là », a indiqué M. Boivin.

La Société précise qu’il s’agit d’une méthode qui se fait ailleurs au Québec, au Canada et aux États-Unis.

Le plan d’intervention va toutefois se construire de façon plus précise au cours des prochains mois. Par ailleurs, M. Boivin a précisé que, selon les experts du MFFP, la SEPAQ évaluera si le nombre de cerfs à euthanasier devra être ajusté.

« On s’attend à ce qu’il y ait un certain mécontentement, mais on ne fera pas ce genre d’opération là par plaisir, mais bien parce que c’est notre devoir », a-t-il précisé.

Un dossier « émotif »

M. Boivin a ajouté que la SEPAQ est consciente qu’il s’agit d’« un dossier qui est assez émotif ».

« Il demeure notre responsabilité d’agir parce que le parc national des Îles-de-Boucherville et le parc national du Mont-Saint-bruno sont des îlots de biodiversité qu’il faut protéger », a indiqué le porte-parole.

La viande recueillie sera offerte à des organisations qui travaillent avec des banques alimentaires afin d’assurer une distribution à des familles dans le besoin et d’éviter qu’elle ne soit pas gaspillée.

M. Boivin dit que la SEPAQ mettra en œuvre des actions dans le but de favoriser la pédagogie et expliquer à la population la manière dont l’opération va se dérouler.

« Même si on sent que le débat a évolué vers une compréhension du fait que l’option retenue s’appuie entièrement sur des recommandations de scientifiques, il va y avoir lieu de faire un certain nombre d’actions de communication pour continuer à expliquer la situation », a estimé M. Boivin.

Selon les informations recueillies dans un communiqué de la SEPAQ, cette décision vise à favoriser la protection des milieux naturels et des écosystèmes dans ces parcs nationaux affectés par la surabondance des cerfs de Virginie.

La Société précise que le broutage excessif, la rareté de nourriture pour l’ensemble des espèces, les risques accrus de propagation de la maladie de Lyme et de collisions routières sont les principaux enjeux documentés motivant la préparation de ce plan d’intervention.

Le plan, qui est en préparation, permettra de « définir le type d’intervention, les lieux, les seuils de densité visés et la période la plus appropriée pour une opération qui satisfait aux attentes. » Toutefois, les cerfs « croissent à un rythme élevé qui commande une intervention rapide, possiblement à l’automne ou à l’hiver prochain », précise le communiqué.

Selon la SEPAQ, « Les parcs nationaux du Mont-Saint-Bruno et des Îles-de-Boucherville présentent des densités respectives de 15,2 cerfs/km et de 30,5 cerfs/km. La densité idéale pour le milieu naturel serait de 5 cerfs/km. »

La Société affirme que l’intervention est nécessaire et qu’« elle s’appuiera sur les avis bien documentés des experts et des scientifiques dans une optique de protection et conservation des parcs nationaux afin que les générations futures puissent elles aussi en profiter à leur tour. »

Un enjeu polémique à Longueuil

La Ville de Longueuil avait prévu d’abattre la moitié de la population de cerfs de Virginie présente au parc Michel-Chartrand, soit une quinzaine d’animaux. Mais la ville a fait marche arrière après que l’idée ait suscité l’indignation et ait même conduit à des menaces à l’endroit de la mairesse.

Un organisme de sauvetage d’animaux a tenté de protéger la population de cerfs de Virginie dans le parc Michel-Chartrand, mais a échoué. La Ville de Longueuil est finalement allée de l’avant malgré la polémique et a suivi les recommandations du rapport de la table de concertation mise sur pied par la Ville qui a conclu que l’euthanasie demeure la meilleure option pour contrôler la population des cerfs dans le parc.