(Windsor, Ontario) Un concert de klaxons de camions a retenti vendredi soir à Windsor, où se trouvaient des manifestants affirmant vouloir rester « le temps que ça prendra », malgré l’état d’urgence décrété par le premier ministre de l’Ontario.

« Non, je ne vais pas partir, a lancé Roberta Goyeau, qui s’oppose à la vaccination obligatoire. Ce sont nos convictions, nous allons nous tenir debout pour elles. » En soirée, les klaxons ont redoublé d’ardeur près de la frontière, où se massait une foule composée de gens de tous les âges.

Vers 22 h, le nombre de protestataires au pied du pont Ambassador avait quelque peu diminué par rapport au début de la soirée. Parmi eux, quelques manifestants dansaient pour se tenir au chaud, près des camions où résonnait de la musique passant de l’hymne national aux airs pop.

PHOTO NATHAN DENETTE, LA PRESSE CANADIENNE

Une fillette manifeste sur la route menant au pont Ambassador.

Vendredi, la Cour supérieure de l’Ontario a répondu favorablement à une demande d’injonction de l’Association des fabricants de pièces automobiles pour empêcher les manifestants de bloquer le pont Ambassador, qui relie la province au Michigan. Elle est entrée en vigueur à 19 h.

La manifestation se poursuit

Après s’être consultés, les protestataires ont toutefois décidé de poursuivre la manifestation malgré l’injonction, a raconté Julien Roy, rencontré sur les lieux. À cette heure, de nombreux manifestants marchaient d’ailleurs en direction du pont Ambassador, en criant « Liberté » et en applaudissant.

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Une manifestante à Windsor brandit une pancarte sur laquelle on peut lire « liberté ».

Autour des manifestants, rassemblés au milieu d’une intersection près du pont, plusieurs voitures de police étaient présentes en soirée. Des policiers ont distribué des dépliants rappelant l’état d’urgence décrété par le premier ministre Doug Ford, afin de rendre illégal le fait d’empêcher la libre circulation des biens, des personnes et des services le long des infrastructures essentielles. Plus tôt en après-midi, la police de Windsor avait averti dans un communiqué qu’elle prendrait bientôt des mesures et que les personnes bloquant les rues « pourraient faire face à des accusations ».

Au moment où nous écrivions ces lignes, le blocage se poursuivait au-delà de minuit malgré l’ultimatum du gouvernement.

Assis sous une tente près du pont, Frank Friesen a affirmé ne pas avoir l’intention de partir de sitôt. « Je resterai le temps que ça prendra », a lancé le résidant de Windsor.

Le convoi de la liberté ne semble pas faire de progrès pour enrayer la vaccination obligatoire à Ottawa, alors j’ai décidé de rejoindre le mouvement.

Frank Friesen, un manifestant

À un jet de pierre, des hommes placent des victuailles dans un camion, qu’ils ont apportées avec un petit chariot. Appuyé sur un poids lourd, Joe Marsh a raconté être allé deux fins de semaine consécutives à Ottawa afin de soutenir les camionneurs. « Trudeau ne nous écoute pas », a-t-il déploré.

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Les manifestants ont installé un écran-géant devant le Parlement à Ottawa.

En bordure de la manifestation, un travailleur de l’industrie automobile, Nick Vermey, était en désaccord avec le mouvement. « Windsor dépend de cette industrie », a-t-il fait valoir. « Si c’était une manifestation contre les changements climatiques ou pour les droits autochtones, je serais de l’autre côté en train de protester avec eux », a-t-il ajouté.

Autre rassemblement

Un tronçon d’environ deux kilomètres de la rue Huron Church, menant à la frontière canado-américaine, était fermé vendredi. Alors qu’avait lieu la manifestation au pied du pont Ambassador, des gens protestaient contre l’obligation vaccinale à l’autre extrémité. « Nous sommes ici pour la liberté », s’époumonait Laura Zalucki, un drapeau canadien noué au cou. La résidante a raconté avoir passé la journée aux côtés des camionneurs.

Une résidante de Windsor, Chelsea Ollett, qui passait en bordure de la manifestation pour aller faire ses courses, a dit être favorable au « convoi de la liberté » à Ottawa. « Mais cette manifestation à Windsor m’effraie », a-t-elle admis. « S’il n’y a rien qui peut traverser au Canada, comment vais-je nourrir mon enfant ? », a-t-elle ajouté en regardant sa fille de 3 ans.

Le maire de Windsor, Drew Dilkens, a déclaré qu’il gardait espoir d’une « résolution pacifique et négociée ». « Les forces de l’ordre locales, régionales et nationales collaboreront et coordonneront la meilleure façon de répondre à cette décision de justice et chercheront à rouvrir le pont Ambassador », a-t-il écrit dans un communiqué.

Avec La Presse Canadienne