Les données du recensement de 2021 montrent que la part du Québec dans la population canadienne a diminué pour le 11e recensement consécutif.

Moins d’immigrants au Québec qu’ailleurs au pays

Depuis 1966, le poids démographique du Québec diminue à chaque recensement, tenu tous les cinq ans. En 1966, le Québec représentait 28,9 % de la population canadienne. Cette proportion est passée à 23,2 % en 2016, puis à 23,0 % en 2021.

De 2016 à 2021, la population du Québec a augmenté de 4,1 %, ce qui est inférieur à la moyenne canadienne de 5,2 %, selon les données du recensement de 2021 de Statistique Canada publiées mercredi.

Une seule province, Terre-Neuve-et-Labrador, a vu sa population diminuer (- 1,8 %) entre 2016 et 2021.

Pourquoi le Québec voit-il son poids démographique diminuer au fil des ans ? Parce qu’il accueille moins d’immigrants que le reste du Canada.

Le Québec et l’Ontario voient leur population augmenter sensiblement de la même façon (+ 0,2 % par an) par l’écart entre les naissances et les décès. La différence ? Toutes proportions gardées, l’Ontario accueille plus d’immigrants. Avant la pandémie, l’immigration a permis à l’Ontario de hausser sa population de 1,4 % en 2018-2019, contre une hausse de 1,1 % au Québec (+ 95 057 immigrants et résidents non permanents).

Pendant la pandémie, l’immigration a chuté au Québec, passant à seulement 18 748 personnes en 2020-2021 (taux d’accroissement de la population de 0,2 %). L’écart entre les naissances et les décès (accroissement naturel) a été de 12 650 cette année-là, ce qui a fait croître la population québécoise de 0,1 %.

Frein de la croissance pendant la pandémie

Au Canada comme au Québec, environ 85 % de la croissance de la population est liée à l’immigration.

Avec le resserrement des frontières, la pandémie de COVID-19 a freiné l’immigration. Et par le fait même la croissance de la population canadienne, qui a été en 2020 à son plus bas niveau depuis la Première Guerre mondiale.

1,6 %

La population du Canada a crû de 1,6 % en 2019. Il s’agissait de la plus importante hausse annuelle de population (en pourcentage) depuis la fin des années 1980.

0,4 %

En 2020, comme l’immigration a diminué en raison de la pandémie, la population du Canada n’a augmenté que de 0,4 %.

1,4 enfant par femme

Taux de fécondité au Canada en 2020. Selon Statistique Canada, ce taux est en baisse depuis 2015.

Le Canada, champion du G7

Le Canada est le pays du G7 dont la population a le plus augmenté (en pourcentage) de 2016 à 2021. Un exemple frappant : la population du Canada a augmenté au même rythme que celle de l’Inde. Les deux pays se classent au septième rang parmi les pays du G20.

Le règne des banlieues

Les banlieues de la région métropolitaine ont continué d’être plus attrayantes que Montréal.

Les banlieues de l’île de Montréal ont vu leur population augmenter de 5,8 % en cinq ans, comparativement à 3,2 % dans l’île.

Parmi les 19 plus grandes villes du Québec, c’est Mirabel qui a connu la plus importante croissance de sa population en cinq ans. La ville de la couronne nord de Montréal a vu sa population augmenter de… 21 % ! Cela représente environ 10 500 nouveaux résidants, qui ont fait passer la population de Mirabel à 61 108 habitants. Pour vous donner une idée, Saint-Jérôme arrive au deuxième rang avec une hausse de 7,9 % de sa population en cinq ans.

Mirabel est proche de tout, tout en étant retiré. Nous avons beaucoup d’anciens villages, il y a un cachet rural, mais avec une communauté urbaine. Ce qui attire les gens chez nous, c’est la qualité de vie. Les gens peuvent avoir un plus grand terrain, nous offrons beaucoup de services, mais avec un taux de taxes très bas. Nous avons aussi un très grand secteur industriel avec des emplois bien rémunérés, et les gens veulent s’établir près de leur lieu de travail.

Patrick Charbonneau, maire de Mirabel

Saguenay est la seule, parmi les 10 plus grandes villes du Québec, dont la population a diminué (- 0,8 %, pour atteindre 144 723 habitants).

Difficile pour le centre-ville

Durant la pandémie, de nombreux résidants ont décidé de quitter le centre-ville de Montréal.

Entre le 1er juillet 2020 et le 1er juillet 2021, le centre-ville (limites : rue Atateken à l’est, avenue des Pins au nord, avenue Atwater à l’ouest et fleuve Saint-Laurent au sud) a perdu 3,1 % de sa population. En guise de comparaison, le centre-ville de Toronto a vu sa population croître de 0,4 % durant cette année pandémique.

De 2016 à 2021, le centre-ville de Montréal a toutefois connu une hausse de 24,2 % de sa population. C’est davantage qu’à Toronto (+ 16,2 %).

L’ennui, c’est que la population croît beaucoup moins vite dans les quartiers centraux de Montréal (+ 2,1 % dans les quartiers à moins de 10 minutes d’auto du centre-ville ; + 3,4 % dans les quartiers à 10-20 minutes d’auto du centre-ville) que dans les banlieues plus éloignées du « 450 » (+ 4,0 % à 20-30 minutes du centre-ville ; + 7,0 % à plus de 30 minutes du centre-ville).

Il y a encore beaucoup de travail à faire pour densifier le centre-ville de Montréal, qui ressemble davantage à celui de Calgary qu’à ceux de Toronto et de Vancouver ou qu’à l’arrondissement de Manhattan à New York. Il y a 8367 résidants par kilomètre carré au centre-ville de Montréal, comparativement à 7778 à Calgary, 16 608 à Toronto, 18 837 à Vancouver et 28 668 à Manhattan (New York).

Malgré la COVID-19, 98 % des Canadiens ont participé au recensement de Statistique Canada en mai 2021.

Avec la collaboration de Pierre-André Normandin, La Presse