(Québec) Après des années de dormance, La Meute orchestre un retour. Le groupe identitaire que beaucoup croyaient moribond a pris position contre les mesures sanitaires et invite ses membres à manifester à Québec en fin de semaine.

Un expert estime que le groupe pourrait profiter de la grogne grandissante envers les mesures sanitaires pour « ressusciter » et recruter de nouveaux membres, après avoir implosé en 2019 à la suite de dissensions internes.

« On a passé le message dans nos 17 clans régionaux. Des groupes s’organisent pour le transport. On peut être entre 100 et 150 », affirme en entrevue avec La Presse le porte-parole de La Meute, Sylvain Brouillette.

« On a pris position officiellement contre les mesures sanitaires, contre le passeport sanitaire, mais pas contre le vaccin, dit celui qui se fait appeler Maikan. On encourage nos membres à aller soutenir les camionneurs en fin de semaine. »

Naissance en réaction à l’« islam radical »

La Meute, qualifiée de groupe d’extrême droite par plusieurs observateurs, est née en 2015 en réaction à l’« islam radical ». Elle est rapidement devenue le principal groupe de la droite identitaire, avec 40 000 membres sur Facebook, et quelques milliers de membres actifs à son apogée. Des conflits internes l’ont toutefois fait éclater en 2019.

« On est un petit peu dans un état somnolent à cause de la pandémie. Historiquement, on militait contre l’islam radical. On disait que c’était un danger pour la démocratie et nos droits fondamentaux. Les pays islamistes, ce ne sont pas des conditions de vie qu’on veut ici. Mais là, le gouvernement ici fait pire que ça. Les priorités ont changé », affirme Sylvain Brouillette.

On est d’accord qu’il faut prendre des précautions pour protéger la population, mais à un moment, quand on prive des gens de leur travail, ce n’est plus un choix. C’est une obligation masquée, et nous, on est contre ça, tout comme on est contre le passeport vaccinal.

Sylvain Brouillette, porte-parole de La Meute

Démonstration de force à venir ?

La présence de La Meute en fin de semaine à Québec est un développement significatif dans l’univers des groupes identitaires, estime le directeur du Centre d’expertise et de formation sur les intégrismes religieux, les idéologies politiques et la radicalisation.

« Ce serait la première manifestation de La Meute depuis 2019, année où le groupe a perdu près de 75 % de ses membres avec le départ d’un de ses dirigeants », rappelle Martin Geoffroy.

Je ne suis pas surpris de leur prise de position contre les mesures sanitaires. Mais je suis surpris que La Meute ait encore une capacité de mobilisation après avoir implosé.

Martin Geoffroy, directeur du Centre d’expertise et de formation sur les intégrismes religieux, les idéologies politiques et la radicalisation

L’expert exprime des doutes quant aux prétentions de M. Brouillette, qui dit pouvoir attirer de 100 à 150 personnes. « Il faut faire attention à l’enflure verbale. Ils vont peut-être être 20, finalement. »

Mais si La Meute parvient à mobiliser une centaine de membres, ce sera un succès pour elle, croit-il.

« Si La Meute est en train de ressusciter, ça veut dire qu’elle profite de la montée de l’extrême droite, qui est en train de se nourrir de l’opposition aux mesures sanitaires », croit M. Geoffroy.

« Tous les mouvements d’extrême droite actifs avant la pandémie sont maintenant contre les mesures sanitaires. Ils ont mis de côté l’islam, l’immigration soi-disant illégale et le chemin Roxham, dit-il. En temps de crise, c’est facile de faire du recrutement dans un bassin de gens écœurés. »