Après une légère baisse en 2020, le nombre de cerfs de Virginie et d’orignaux tués a remonté en 2021 au Québec, montre les statistiques officielles dévoilées lundi. La quantité de dindons sauvages, elle, se maintient à des sommets, malgré une petite diminution possiblement liée à la pandémie. Portrait de la situation.

La chasse à l’orignal a été bonne

Plus de 25 000 orignaux ont été abattus durant la plus récente saison de la chasse, l’automne dernier, au Québec, montrent les données du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP). Il s’agit d’une hausse par rapport aux 20 000 de l’année précédente, mais dans les faits, la « récolte » est stable. C’est que la chasse de ce grand cervidé alterne entre les années restrictives, durant lesquelles seuls les mâles peuvent être abattus, et les années permissives, quand il est permis de tuer également les femelles et les veaux, à certaines conditions, explique Maxime Lavoie, coordonnateur provincial de la gestion de l’orignal au MFFP. En 2021, « c’était une année permissive », dit-il. La rigueur de l’hiver n’est pas un facteur qui fait fluctuer la population d’orignaux, contrairement aux cerfs de Virginie et aux dindons sauvages, explique le biologiste. « Ce sont les coupes forestières qui ont le plus gros impact. »

180 000

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

Des cerfs de Virginie à l’île d’Anticosti

Près de 180 000 permis de chasse à l’orignal ont été vendus en 2021, ce qui en fait encore une fois l’animal le plus populaire auprès des chasseurs au Québec. Le nombre de permis de chasse au cerf de Virginie, lui, s’est élevé à près de 135 000.

Le cerf reprend du poil de la bête

Après deux années creuses, le nombre de cerfs de Virginie tués est revenu en 2021 à sa moyenne des 10 dernières années : près de 53 000 bêtes ont été abattues, contre environ 48 000 en 2019 et en 2020. Cette baisse s’explique par l’influence du climat sur la fluctuation de la population de cerfs de Virginie, particulièrement dans les régions au nord du fleuve Saint-Laurent et dans l’est de la province, explique François Lebel, coordonnateur provincial de la gestion du cerf de Virginie et du dindon sauvage au MFFP. « Lorsqu’il y a beaucoup de neige au sol, le cerf va s’enfoncer beaucoup dans ses déplacements et dépenser beaucoup d’énergie », explique-t-il. Si l’hiver est long en plus d’être rude, les taux de mortalité peuvent atteindre 30 %, poursuit le biologiste. « En 2019, l’hiver a été rigoureux dans plusieurs régions, on a vu l’impact [sur la population de cerfs] dès l’automne suivant. »

Deux pour un à Anticosti

L’île d’Anticosti, réputée pour la surabondance du cerf de Virginie, qui y a été introduit en 1896 et qui n’y a pas de réel prédateur, affiche une particularité unique : le nombre de bêtes tuées excède le nombre de permis délivrés. Les données préliminaires – il en reste encore à comptabiliser – indiquent que plus de 6000 cerfs y ont été prélevés la saison dernière, pour quelque 4400 permis de chasse. « C’est tout simplement parce que, pour Anticosti, un permis permet de récolter deux bêtes », explique François Lebel. « Anticosti, c’est un monde à part », dit-il. La pression de la chasse y reste néanmoins « minime », affirme le biologiste, qui explique que ce sont surtout les hivers difficiles qui font fluctuer la population de cerfs dans cette île de quelque 8000 km⁠2.

Effet de la pandémie sur la chasse au dindon

La chasse au dindon sauvage explose depuis ses débuts, en 2008. La progression ininterrompue du nombre d’oiseaux abattus a toutefois été freinée en 2021, malgré un nombre record de permis délivrés, une contradiction qui s’expliquerait notamment par le couvre-feu imposé lors de la saison de la chasse printanière. « Les chasseurs pouvaient quitter leur domicile seulement à 5 h, mais habituellement, on s’installe plus tôt sur le terrain et on attend la levée du jour », explique François Lebel, qui croit que le couvre-feu « peut avoir influencé un petit peu » la « récolte » de 2021. Il note aussi que l’augmentation du nombre de chasseurs permet de penser qu’il y avait davantage de chasseurs moins expérimentés.

L’ours noir en hausse

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

La chasse à l’ours noir a aussi été fructueuse, avec 5809 bêtes abattues, un nombre dépassé seulement en 2018.

La chasse à l’ours noir a aussi été fructueuse, avec 5809 bêtes abattues, un nombre dépassé seulement par la « récolte » exceptionnelle de 2018. La croissance de la popularité de cette chasse s’est maintenue, avec près de 20 000 permis délivrés en 2021, du jamais-vu en près de 30 ans « malgré l’absence de la clientèle non résidente pour une deuxième année consécutive », indique le MFFP. La majorité des bêtes « récoltées » l’ont été par la chasse, à 87 %, contre 13 % par le piégeage, puisque l’ours noir possède le double statut d’animal à fourrure et de gros gibier.

Lisez notre texte sur la saison record de la chasse à l’ours noir en 2018

Récolte de fourrure

De nombreux animaux sont « récoltés » pour leur fourrure au Québec. Bon an, mal an, la martre, le rat musqué et le castor sont les plus prisés, mais on trappe aussi le vison, le lynx du Canada et… l’écureuil.