(Ottawa) La police envisage plusieurs stratégies, incluant la force, pour déloger les manifestants qui paralysent le centre-ville d’Ottawa depuis vendredi. Plusieurs centaines de véhicules sont maintenant partis, mais une autre vague se prépare pour le week-end prochain.

« Je ne peux pas dire si ce seront des centaines, 1000 ou 10 000 personnes, mais nous savons que des gens veulent que la manifestation se poursuive cette semaine et le week-end prochain », a indiqué le chef de la police d’Ottawa, Peter Sloly, en conférence de presse lundi après-midi.

« C’est une situation très fluide, très dynamique et à grande échelle, donc nous faisons face à des circonstances dangereuses », a-t-il ajouté.

Le chef de police et le maire d’Ottawa, Jim Watson, ont répété à plusieurs reprises qu’il n’y avait eu aucun mort, aucun blessé et aucune émeute au cours du week-end alors que la situation avait le potentiel de dégénérer.

La police a adopté une approche de « désescalade » pour éviter de provoquer les manifestants. Une seule personne a été arrêtée. Douze enquêtes ont été ouvertes.

« L’ampleur de la manifestation a diminué au cours des 12 dernières heures et nous voulons que cette tendance se poursuive jusqu’à ce qu’elle se termine, a déclaré M. Sloly. Je ne peux pas vous le garantir présentement, mais je peux vous garantir que tous les efforts de négociation, de désescalade et de coordination continueront jusqu’à ce que la manifestation tire à sa fin complètement. »

Il a reconnu plus tard que les organisateurs ne représentaient pas l’ensemble des gens qui ont convergé vers Ottawa et qu’ils ne sont pas en mesure de les contrôler.

En fin de journée lundi, les klaxons se faisaient toujours entendre, mais les rues d’Ottawa étaient loin d’être bondées comme samedi et dimanche.

Le maire a dit comprendre l’exaspération des résidants du centre-ville, pour beaucoup irrités par le bruit et par les perturbations occasionnées par la manifestation. Certains trajets des transports en commun sont impraticables et le centre commercial Rideau était toujours fermé, lundi.

Des agents seront bientôt redéployés dans leurs quartiers respectifs, mais une forte présence policière va demeurer au centre-ville. La police d’Ottawa a également mis sur pied une ligne téléphonique pour que le public puisse rapporter tout crime, incluant les crimes haineux, les agressions et les menaces.

Peu importe où vous habitez, peu importe où votre véhicule est immatriculé, si vous êtes venus ici et avez commis un crime ou un crime haineux, vous ferez l’objet d’une enquête. Nous allons vous trouver et vous serez traduits en justice.

Peter Sloly, chef de la police d’Ottawa

La police d’Ottawa reçoit l’aide de plusieurs corps de police, dont la Police provinciale de l’Ontario, la Sûreté du Québec, la police de Gatineau et d’autres polices municipales ontariennes.

Comment enlever les camions ?

« Chaque jour qui passe, chaque heure qui passe joue en la faveur de la police en ce sens que ça leur permet de peaufiner leur scénario », note l’inspecteur à la retraite du Service de police de la Ville de Montréal André Durocher.

Les services policiers font face à tout un défi : celui d’enlever des camions lourds stationnés sur plusieurs kilomètres de rues. Ils doivent sécuriser suffisamment de remorques, des dizaines, pour pouvoir procéder et anticiper la réaction des camionneurs, qui pourrait être passive ou agressive, selon les cas. Ils doivent également mesurer les répercussions que cette opération pourrait avoir sur d’autres corps policiers.

« Quel va être l’impact sur les axes routiers ? donne M. Durocher en exemple. Et est-ce que nos partenaires des autres services de police ont leur stratégie ou sont au courant si on intervient ? Quel va être l’impact sur leur réseau ? Ça fait beaucoup de choses à planifier et à penser. » La police doit également s’assurer d’avoir suffisamment d’effectifs pour aller de l’avant.

Au fil des jours, la fatigue va commencer à s’installer chez les manifestants, et les moins radicaux vont s’en aller d’eux-mêmes. Et le réveil pourrait être dur pour ceux qui restent, puisqu’ils risquent de se retrouver avec une facture de remorquage salée.