Les camionneurs qui ont pris d’assaut les alentours du parlement du Canada n’ont pas l’intention de se replier de sitôt. Le groupe de routiers québécois a mis sur pied un « centre de ravitaillement » de fortune dans un stade de baseball situé à environ six kilomètres de la colline parlementaire pour tenir un siège de longue durée.

Tout au long de la journée, les organisateurs québécois ont lancé des appels sur leur canal de communication dans l’application Zello pour que des sympathisants leur livrent du diésel pour ravitailler les camions dont les moteurs ont roulé tout le week-end afin de maintenir les cabines au chaud. Ils ont aussi réclamé du bois de chauffage, des brûleurs à gaz pour préparer la nourriture, des assiettes et des couverts, ainsi que des toilettes portables qu’ils veulent déployer près du parlement.

Des militants anti-mesures sanitaires ont annoncé sur les canaux de discussion du mouvement qu’ils partaient de Trois-Rivières, de la Montérégie et du Grand Montréal pour fournir des denrées et des repas pour faire durer le siège. Des fermiers de la région d’Ottawa et de Gatineau auraient aussi commencé à déblayer des portions de leurs terres pour permettre à la relève de se stationner en périphérie de la ville.

En fin d’après-midi, d’autres manifestants s’apprêtaient à relayer les camionneurs pour assurer une présence dans leurs véhicules lourds immobilisés près du parlement pendant que ceux-ci participaient à une réunion au centre de ravitaillement.

« Passer à autre chose »

Pour l’heure, la police d’Ottawa ne semble pas avoir l’intention de forcer les manifestants à quitter les lieux. Le maire d’Ottawa, Jim Watson, les a invités à lever le camp de façon pacifique. « Vous avez eu une très bonne couverture médiatique – je suis d’ailleurs en complet désaccord avec votre message –, mais vous avez eu votre 15 minutes de gloire. C’est le temps de passer à autre chose, vous faites une très mauvaise image à l’industrie du camionnage », a-t-il dit.

Nous avons dû fermer des commerces, des garderies, des centres de vaccination. Nos employés d’hôtels ont dû composer avec des comportements agressifs de certains manifestants.

Jim Watson, maire d’Ottawa

Il a aussi dénoncé les « démonstrations dégoûtantes » d’homophobie, de racisme et d’antisémitisme rapportées tout au long du week-end.

Le Service de police d’Ottawa affirme que le déploiement policier « sans précédent » rendu nécessaire par le blocus coûte plus de 800 000 $ par jour. La manifestation a « baissé en intensité », mais monopolise encore énormément de policiers, a indiqué le chef de police Peter Sloly. « Dès mardi, une partie des troupes sera redéployée ailleurs dans la communauté », a-t-il indiqué, tout en reconnaissant que la situation demeure « très difficile à gérer ».

Après Ottawa, Québec ?

Des milliers de personnes s’opposant aux mesures sanitaires ont répondu présentes pour une manifestation qui pourrait avoir lieu en fin de semaine prochaine dans la Ville de Québec, selon des publications relayées sur plusieurs pages Facebook. Un convoi en partance de Montréal est organisé ce samedi. D’autres convois auraient comme point de départ la Côte-Nord. Sur les réseaux sociaux, des travailleurs du milieu de la construction disent envisager de se joindre aux camionneurs.

Lila Dussault, La Presse