(Québec) Le premier ministre canadien a profité des commémorations de l’attentat à la Grande Mosquée de Québec pour dénoncer samedi l’islamophobie et condamner « cet acte de terrorisme » qui a fait six morts il y a cinq ans jour pour jour.

« En ce jour, nous rendons hommage aux victimes de cet acte de terrorisme motivé par la haine, qui ont été tuées de manière insensée dans un accès d’intolérance, d’islamophobie et de racisme », a déclaré Justin Trudeau dans une déclaration écrite.

« Le gouvernement condamne l’islamophobie et toutes les formes de racisme et de discrimination qui existent dans notre société, et c’est pourquoi la lutte contre l’islamophobie fait partie intégrante de la Stratégie canadienne de lutte contre le racisme », poursuite M. Trudeau.

Une cérémonie aura lieu samedi soir à la Grande Mosquée de Québec, où un tireur a déchargé son arme le 29 janvier 2017, à l’heure de la prière. L’assassin a fait six morts, plusieurs blessés graves et 17 orphelins.

Le gouvernement canadien a donné suite cette année à une revendication de longue date du Centre culturel islamique (CCIQ), qui assure la gestion de la mosquée. Ottawa a instauré la première journée nationale de lutte contre l’islamophobie.

Justin Trudeau entend aussi « désigner un représentant spécial chargé de la lutte contre l’islamophobie ».

Une cérémonie virtuelle

Le premier ministre du Québec, François Legault, est attendu samedi soir à la cérémonie officielle. Le nouveau maire de Québec, Bruno Marchand, sera également présent.

Pandémie oblige, le public ne pourra pas assister à l’évènement en personne. Il sera toutefois retransmis sur la page Facebook du CCIQ.

Cinq ans après la tragédie, le porte-parole du CCIQ constate avec regret que l’islamophobie et les insultes sont encore présentes sur les réseaux sociaux, qu’il attribue à une minorité de gens.

Boufeldja Benabdallah a également reproché aux gouvernements le peu de gestes concrets pour s’attaquer à la circulation et à la possession d’armes à feu, trouvant d’ailleurs inconcevable que les armes qu’avait en sa possession le tueur de la Grande Mosquée de Québec puissent encore circuler librement au pays.

PHOTO FRÉDÉRIC MATTE, ARCHIVES LE SOLEIL

Le président du Centre culturel islamique de Québec, Boufeldja Benabdallah

Plusieurs musulmans de Québec, dont M. Benabdallah et un survivant, ont écrit une lettre aux gouvernement provincial et fédéral pour demander des actions rapides.

« Il est absolument néfaste et honteux de constater qu’en cinq ans, RIEN n’a été fait pour changer les circonstances ayant permis à cet individu d’acquérir ou de garder un tel arsenal », peut-on lire dans la missive.

Ils déplorent notamment que le pistolet Glock utilité par l’assassin peut encore être acquis en toute légalité.

Justin Trudeau a affirmé samedi son intention « de renforcer le contrôle des armes à feu ». Il rappelle que le gouvernement fédéral a « élargi la vérification des antécédents ».

« Nous avons également interdit 1500 armes d’assaut et allons procéder à la mise en place d’un rachat obligatoire, ce qui signifie que ces armes à feu ne pourront jamais être vendues, transférées ou léguées », écrit le premier ministre.

M. Trudeau concède toutefois « qu’il reste du travail à faire ». « Nous voulons le faire avec les provinces et les territoires qui désirent instaurer l’interdiction des armes de poing sur leur territoire. »

Avec La Presse Canadienne