L’humoriste Mike Ward a offert à la Ville de Montréal plus d’une vingtaine de minimaisons pour sans-abri en réaction à la mort d’une itinérante survenue dans les derniers jours lors d’une soirée glaciale.

L’humoriste affirme avoir proposé de construire 25 abris pour itinérants. Ces cabanes de bois isolées ont été offertes à la Ville l’année dernière, soutient M. Ward.

« L’offre tient toujours, a-t-il écrit sur les réseaux sociaux. On peut se loger confortablement jusqu’à -30. Conçu pour les gens les plus à risque, ceux qui refusent de dormir dans les refuges. »

Si Montréal donne son accord, l’installation pourrait se faire d’ici une semaine, promet l’artiste.

« Un simple oui de votre part et personne d’autre va mourir de froid cet hiver. »

Valérie Plante a remercié le populaire humoriste pour cette initiative, sans donner de réponse claire quant à l’implantation d’un tel projet.

« Nous non plus, on ne veut laisser personne derrière. On travaille avec la santé et le communautaire pour que tout le monde ait un toit et vive dans la dignité. L’itinérance est un enjeu complexe qui nécessite des solutions encadrées et adaptées », a écrit la mairesse de la métropole.

Une explication qui n’a pas suffi à l’animateur de Mike Ward sous écoute. « C’est une réponse de politicienne. Moi je veux aider les gens qui glissent entre les craques du système. Comment qu’on s’arrange pour les aider ? », a-t-il répliqué.

Le cabinet de la mairesse a précisé le tout par communiqué en saluant la volonté de M. Ward.

« Nous considérons par contre que l’installation de minimaisons à travers la ville n’est pas une solution adaptée pour venir en aide aux plus vulnérables. Les personnes en situation d’itinérance ont besoin de tout un écosystème pour les épauler, ils ont non seulement besoin d’un toit, mais aussi d’intervenants sociaux et de services adaptés. »

« Nous sommes conscients de ces grands besoins et c’est ce sur quoi nous travaillons d’arrache-pied avec nos partenaires afin de rendre des ressources adaptées et sécuritaires disponibles aux plus vulnérables. Le refuge 24/7 pour personnes autochtones en situation d’itinérance que nous avons inauguré hier [samedi] en est un parfait exemple. »

Une idée intéressante, mais…

Une vision partagée par Sam Watts, directeur général de Mission Bon Accueil, une ressource qui offre plusieurs services aux sans-abri au centre-ville de Montréal. « Des efforts caritatifs ne sont pas toujours aidants, explique-t-il à La Presse par écrit. La réalité est complexe. J’encourage les citoyens et citoyennes qui ont à cœur les personnes vulnérables d’aider les organismes professionnels qui sont déjà en train de servir les personnes en situation d’itinérance. »

Pour Chantal Laferrière, directrice générale de la Mission Saint-Michael, un organisme offrant des services 24 heures sur 24 à Montréal, l’idée est toutefois intéressante parce qu’elle sort de l’ordinaire. « Il n’y a rien comme ça à Montréal, lance-t-elle. Donc pourquoi pas ? » À son avis, il faudrait en faire un projet-pilote, associé à une ressource en itinérance. Plusieurs facteurs devraient aussi être pris en compte, comme l’accessibilité à des toilettes.

« Ce n’est pas juste d’apporter 25 ou 30 tentes [qui va régler le problème]. Ça ne marche pas comme ça, assure Mme Laferrière. Sinon, il va y avoir une anarchie et ça ne sera pas beau. »

Selon elle, une telle mesure pourrait soutenir les personnes qui refusent d’aller dans les ressources. « Eux ne se rendront pas à l’intérieur. Ils n’iront pas vers des ressources ou vers des services, explique-t-elle. Ils veulent être libres de faire ce qu’ils veulent, comme ils veulent. »

« On trouve l’offre de M. Ward vraiment généreuse », a indiqué de son côté James Hughes, directeur de la Mission Old Brewery, située au centre-ville. « Montréal a besoin de solutions diverses et novatrices dans le domaine de l’itinérance qui est en croissance dans notre ville. Toutefois, à l’heure actuelle, on a plus de questions que de réponses. »

La Mission Old Brewery, tout comme la Mission Saint-Michael, aurait un intérêt à collaborer avec Mike Ward concernant le projet des minimaisons, indique le directeur. « OBM sera contente de parler avec M. Ward quant à sa vision de l’initiative, incluant sa durée, emplacement et services de soutien (entretien, alimentation, intervention psychosociale, etc.) afin de voir si elle pourra cadrer avec nos orientations », a affirmé M. Hughes.