Le taux de vaccination contre la COVID-19 stagne chez les jeunes du primaire ; dans certaines écoles de Montréal et de Laval, il ne dépasse pas 30 %. « Ce n’est pas suffisant », dit le directeur de santé publique de Laval, qui se donne jusqu’à la semaine de relâche pour mener une nouvelle offensive dans les écoles.

Si, dans l’ensemble du Québec, près de 60 % des enfants ont reçu une première dose de vaccin contre la COVID-19, c’est à Laval que ce taux est le plus bas, à 51 %. À titre de comparaison, la proportion des enfants ayant reçu une première injection s’élève à 70 % au Saguenay–Lac-Saint-Jean.

Pendant les vacances scolaires, la COVID-19 a frappé « très, très fort », dit le directeur de santé publique du Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de Laval, le DJean-Pierre Trépanier.

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Le DJean-Pierre Trépanier, directeur de santé publique du Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de Laval

« Ça a probablement arrêté l’élan de vaccination dans ce groupe d’âge. La promotion pour la dose de rappel pour d’autres groupes d’âge est arrivée, on a donc un peu mis de côté [la vaccination des 5-11 ans] », admet le DTrépanier.

« Il faut revenir à la charge », ajoute-t-il.

Comme ça avait été fait avant Noël, toutes les écoles primaires de Laval seront de nouveau visitées à partir du 31 janvier.

« Sur le plan scientifique, ça a toujours été établi qu’aller vacciner les enfants sur place donne de meilleurs résultats. Si on ne vaccinait pas dans les écoles à Laval, je pense qu’on aurait des résultats encore moins bons que ceux qu’on a maintenant », dit le DTrépanier.

La présence de vaccinateurs dans les écoles peut avoir un effet d’émulation et, sans « mettre les enfants en compétition entre eux, les parents se parlent », observe le directeur de santé publique de Laval.

Des questions « simples, mais légitimes »

Les écoles sont de nouveau remplies depuis quelques jours et le faible taux de vaccination dans certaines d’entre elles suscite des inquiétudes.

Les parents ont des questions « simples, mais légitimes » à l’égard de la vaccination contre la COVID-19, observe le pédiatre Olivier Drouin, aussi chercheur au CHU Sainte-Justine.

La première étape consiste à expliquer [aux parents] clairement que la vaccination est utile, sécuritaire et qu’on la recommande.

Olivier Drouin, pédiatre et chercheur

« Dans mon expérience clinique, juste de dire ces choses à mes patients, ça aide. Il y a beaucoup de patients qui n’étaient pas vaccinés, et ça les a convaincus », relate le DDrouin, qui croit qu’il faut que les infirmières et les médecins profitent de « chaque rencontre clinique » pour aborder la question de la vaccination.

Il faut aussi rappeler toutes les conséquences que la COVID-19 peut entraîner dans une famille, comme l’absentéisme au travail, la quarantaine. « Ça vaut la peine de parler des autres bénéfices de la vaccination. Ça va davantage convaincre certaines personnes qu’un risque très faible d’hospitalisation », explique le DDrouin.

Des taux « très préoccupants »

Présidente du Syndicat de l’enseignement de l’ouest de Montréal, Mélanie Hubert trouve que le faible taux de vaccination dans certaines écoles est « très préoccupant ». Ces établissements sont souvent situés « dans des milieux où il y a des communautés qui parlent moins le français et ne maîtrisent pas tous les rouages du système, […] où les gens vivent dans de petits logements », poursuit-elle.

L’Alliance des professeures et professeurs de Montréal s’inquiète quant à elle des inégalités qui pourraient encore s’accentuer dans les quartiers montréalais où le taux de vaccination des enfants est bas et où des éclosions pourraient survenir.

« C’est dans ces quartiers qu’on risque d’arriver le plus rapidement au plan de délestage. Nos élèves en difficulté, en milieux défavorisés, en milieux allophones vont encore payer plus », dit sa présidente, Catherine Beauvais-St-Pierre.

À Laval, on reconnaît qu’on a « un bout à faire au niveau de la promotion » de la vaccination chez les 5 à 11 ans.

« On a des groupes qui sont plus difficiles à rejoindre », notamment en raison de la barrière de la langue, dit le DJean-Pierre Trépanier, directeur de santé publique. Des appels seront faits aux parents dont les enfants ne sont pas vaccinés, pour « comprendre les raisons de l’hésitation ».

Il « faut adapter le message » pour ces populations, dit le DOlivier Drouin. Cela vaut pour la langue, mais aussi pour le messager, qui doit être une personne de confiance, par exemple des leaders communautaires ou religieux.

À Laval, on dit qu’on a appris au fil des mois qu’un « bassin important » de gens devra être rejoint sur le terrain, mais que les mesures sanitaires compliquent un peu les choses en ce moment.

« Notre échéance pour les écoles, c’est la semaine de relâche. Après, le printemps va arriver, et il va falloir déployer d’autres moyens pour se rapprocher des jeunes et de leurs parents », dit le DTrépanier.