L’impression se confirme : les Québécois ont été très nombreux à déménager leurs pénates dans une autre région durant la pandémie, montrent les données de l’Institut de la statistique du Québec pour la période du 1er juillet 2020 au 1er juillet 2021. Montréal est le grand perdant de ce mouvement de population qui a profité à ses couronnes ainsi qu’à plusieurs régions plus éloignées.

Le couvercle pandémique

Les restrictions imposées dans le contexte sanitaire ont freiné l’arrivée d’immigrants et de résidents non permanents (travailleurs temporaires, étudiants étrangers et demandeurs d’asile) sur le sol québécois, limitant ainsi la croissance de population totale de la province. À peine plus de 26 000 habitants se seraient ainsi ajoutés en 2021, presque quatre fois moins qu’en 2019, avant la pandémie, indiquent les projections de l’Institut de la statistique du Québec (ISQ). Ces données s’arrêtent toutefois au 1er juillet 2021. La reprise de l’immigration internationale observée après cette date l’été dernier devrait se traduire par une augmentation de la population plus importante pour l’année en cours.

Montcalm remporte la palme

La MRC de Montcalm, dans Lanaudière, a vu sa population bondir de 4,5 % en un an. Seules deux autres MRC, celles de Mirabel et de Brome-Missisquoi, ont aussi enregistré des gains de plus de 4 %, talonnées par une MRC des Laurentides, Les Pays-d’en-Haut (+3,9 %). Une dizaine de MRC ont par ailleurs encaissé une baisse de population, la pire étant encore une fois Montréal (-2,3 %). Longueuil, dans la région métropolitaine, accuse aussi un recul de 0,2 %.

Villes qui perdent, villes qui gagnent

Sans surprise, quatre des cinq villes qui ont perdu le plus de population font partie de la région administrative de Montréal, et sont donc situées dans l’île. Matane, dans le Bas-Saint-Laurent, est la seule municipalité en région à faire partie de ce club des désertés. À l’autre extrémité du spectre, Saint-Hippolyte, dans les Laurentides, est la municipalité qui a le plus profité des mouvements pandémiques de la dernière année, suivie de près par Bromont, en Estrie. À part Chelsea, dans l’Outaouais, les autres municipalités qui ont exercé le plus fort pouvoir d’attraction sur les Québécois se trouvent en périphérie de Montréal, dans Lanaudière et en Montérégie.

Montréal garde un air de jeunesse

Montréal a été doublement frappé par l’exode pandémique. Non seulement il a perdu plus de résidants au profit des autres régions que par les années passées, mais les restrictions aux frontières ont réduit l’arrivée d’immigrants et de résidents non permanents qui venaient habituellement compenser ses pertes régionales. Cela dit, la métropole conserve la population la plus jeune de la province (à l’exception du Nord-du-Québec). Plus de 63 % de ses habitants ont entre 20 et 64 ans, la proportion la plus élevée au Québec, signale l’ISQ.

Bougeons !

Pas moins de 232 000 Québécois ont changé de région entre le 1er juillet 2020 et le 1er juillet 2021, un bond de 19 %. Une surprise qui rompt avec la tendance des dernières années. « Depuis quelques années, ce qu’on observait, c’était plutôt une diminution du nombre de migrants interrégionaux d’année en année », souligne Martine St-Amour, démographe à l’ISQ. En 20 ans, c’est la première fois qu’autant de Québécois changent de code postal dans l’année !