(Ottawa) La ministre fédérale des Langues officielles, Mélanie Joly, interpelle de nouveau le gouvernement ontarien de Doug Ford afin de le convaincre d’agir pour sauver les programmes en français abolis par l’Université Laurentienne, dans le nord de l’Ontario. Et cette fois-ci, elle arrive préparée avec des millions de dollars sous le bras.

Dans une lettre envoyée au ministre ontarien des Collèges et Universités, Ross Romano, et la ministre des Affaires francophones, Caroline Mulroney, la ministre Joly dit qu’elle utilisera une partie des quelque 121 millions consacrés dans le dernier budget fédéral à l’éducation postsecondaire de langue minoritaire spécifiquement pour trouver une solution universitaire pour les francophones de la région.

« Afin de vous appuyer dans la mise sur pied d’un projet visant à assurer la pérennité de l’éducation postsecondaire en français dans le Nord de l’Ontario, je suis prête à mettre de côté une somme d’environ 5 millions pour des dépenses éligibles dans les programmes fédéraux », écrit-elle dans une missive envoyée le 31 mai dont La Presse Canadienne a obtenu copie.

Aux prises avec des difficultés financières, l’Université Laurentienne a annoncé en avril que pas moins de 69 programmes, dont 28 en français, étaient abolis avant la fin de la session universitaire. Une centaine de professeurs ont été congédiés.

Cette nouvelle avait choqué la classe politique à Ottawa. Les députés ont même adopté une motion unanime à la Chambre des communes pour réitérer leur « solidarité à l’égard de la communauté franco-ontarienne » et rappeler « le rôle primordial de l’éducation supérieure en français pour la vitalité des communautés franco-canadiennes et acadiennes ».

Il s’agit de la deuxième fois que la ministre Joly écrit à ses homologues ontariens pour les exhorter à en arriver à un plan pour l’avenir de l’éducation postsecondaire en français dans le Nord de l’Ontario.

« Comme vous portez la responsabilité de l’éducation postsecondaire en français dans votre province, je vous invite à contacter mon équipe ministérielle afin de présenter votre planification prévue pour l’offre de programmes postsecondaires en français dans le Nord de l’Ontario afin que nous puissions poursuivre les discussions quant au financement », a-t-elle écrit en guise de conclusion.

De passage au comité des langues officielles, mardi, la ministre Joly a continué de taper sur le clou. Elle a dit qu’il était « odieux » qu’une université se retrouve à avoir recours à la Loi sur les arrangements avec les créanciers et a interpellé les députés conservateurs afin qu’ils mettent de la pression sur leurs collègues provinciaux dans le dossier de la Laurentienne.

Elle a également laissé entendre que le gouvernement fédéral serait prêt à mettre plus d’argent sur la table, en disant que les 5 millions, « c’est un début ».