(Ottawa) Les tentatives des Forces armées canadiennes pour promouvoir la diversité et l’inclusion sont loin d’être fructueuses, selon un audit rédigé à l’automne dernier tout juste publié par le ministère de la Défense nationale.

Parmi les problèmes évoqués, on retrouve le manque de leadership, de ressources et de temps pour procéder à de réels changements. Toutefois, la stratégie mise en place était mal définie et planifiée dès le départ, croient les auditeurs.

« Il y a un manque de compréhension des objectifs et des indicateurs de succès pour la diversité et l’inclusion à travers le ministère de la Défense et l’armée », peut-on lire dans le rapport.

L’armée a aussi été incapable de mesurer l’efficacité de ses mesures, mises à part ses tentatives de recruter plus de femmes, d’Autochtones et de gens issus de la diversité.

L’audit a été complété avant les récentes et nombreuses allégations d’inconduites sexuelles à l’endroit de plusieurs dirigeants de l’armée. Cette vague de dénonciations a une fois de plus mis en lumière son incapacité à éradiquer ce type de comportement après des années de promesse.

Depuis, le gouvernement fédéral a demandé à la juge retraitée de la Cour suprême Louise Arbour de trouver des façons d’éliminer les inconduites sexuelles dans l’armée canadienne.

La lieutenante-générale Jennie Carignan a aussi été désignée officiellement pour mener la transformation de la culture de l’armée, qui inclura les recommandations de Mme Arbour.

Le rapport, qui vient d’être publié sur le site web du ministère, souligne l’importance de promouvoir la diversité et l’inclusion, ainsi que d’éliminer des barrières et créer des organisations qui sont « hautement efficaces ».

Malgré des investissements qui avoisinent les 600 millions de dollars par année sur des initiatives de recherche, d’entraînement et de recrutement, les tentatives de l’armée ont été entachées par un « manque de compréhension sur ce que représente la diversité et l’inclusion ».

De plus, selon l’audit, deux structures différentes ont été établies pour gérer ces initiatives, causant de la confusion sur leurs rôles et responsabilités.

L’armée a toutefois atteint ses cibles pour le pourcentage de ses membres qui s’identifient comme femmes, autochtones ou issus de la diversité, tout en espérant de continuer de gonfler ces chiffres d’ici 2026.

Contactée par courriel, la porte-parole du ministère de la Défense nationale Lisa Flander a affirmé qu’un comité mené par des hauts responsables militaires et civils a été créé en réponse à ce rapport.

Un plan sur cinq ans est aussi présentement élaboré pour augmenter la représentativité des femmes, des gens issus de la diversité et des Autochtones dans les rangs militaires. Un comité consultatif a été mis sur pied en décembre pour se pencher sur l’enjeu du racisme systémique et de la discrimination.

« Notre auto-évaluation ne s’arrête pas là », a ajouté Mme Flander, tout en notant que le ministre de la Défense nationale, Harjit Sajjan, a demandé à l’ombudsman de l’armée, Gregory Lick, de mener sa propre enquête sur le sujet.