Des députés conservateurs s’interrogent sur l’embauche du demi-frère de Justin Trudeau comme « champion » pour représenter le Canada dans une conférence sur les cryptomonnaies et la technologie de la chaîne de blocs en Suisse. Ils veulent forcer des diplomates canadiens à dévoiler l’intégralité de leurs communications à ce sujet.

Le Globe and Mail avait révélé l’an dernier que le gouvernement canadien avait accordé un contrat à Kyle Kemper pour agir comme « champion » (c’est l’expression utilisée par les fonctionnaires) chargé de vanter les attraits du Canada auprès des investisseurs lors d’une conférence internationale à Zug, en Suisse.

M. Kemper est le fils de Margaret Trudeau, mère du premier ministre, et de l’homme d’affaires Fried Kemper. Promoteur enthousiaste des cryptomonnaies comme le bitcoin, il a reçu 11 000 $ d’Affaires mondiales Canada pour sa participation à la conférence suisse, en juin 2019.

Le bureau du premier ministre a confirmé que M. Trudeau n’avait rien à voir avec le choix du « champion ».

Le Parti conservateur a tout de même demandé à voir les échanges des fonctionnaires qui ont participé à la décision. Les documents transmis aux élus étaient toutefois largement caviardés.

Une diplomate de l’ambassade du Canada à Berne indiquait par exemple dans un courriel après la conférence que M. Kemper était « très connaissant et expérimenté dans son domaine et [censuré] attire plus de clients que ce à quoi on pouvait s’attendre ». Plusieurs autres passages avaient été caviardés dans les échanges.

« La censure des documents soulève un certain nombre de questions, affirme le député Pierre Paul-Hus. S’agit-il d’un autre exemple du fait que Justin Trudeau aide sa famille et les amis haut placés des libéraux avec l’argent des contribuables ? »

Les députés conservateurs qui siègent au Comité permanent des opérations gouvernementales et des prévisions budgétaires entendent demander mercredi qu’Affaires mondiales dévoile l’intégralité des échanges entre son personnel à ce sujet, pour éclaircir la question.

L’opposition aura fort à faire pour dépeindre M. Kemper comme un homme dont la carrière bénéficie de l’aide de son demi-frère. Le conférencier multiplie depuis longtemps les prises de position publiques opposées à celles de M. Trudeau. Par exemple, il conteste vigoureusement les mesures sanitaires et la vaccination comme moyen de lutte contre la COVID-19. Il présente les cryptomonnaies comme un moyen de contrebalancer le pouvoir de la Banque du Canada.

D’accord pour demander plus de transparence

Joint par La Presse, Kyle Kemper a dit être certain que le gouvernement l’avait embauché « sur la base de [son] mérite et non pas comme une faveur ». Il a dit comprendre que son embauche comme « champion » puisse être utilisée dans la joute politique.

« Je comprends que les partis d’opposition cherchent tout ce qui fait paraître Justin négativement », dit-il.

Il est toutefois d’accord avec les conservateurs pour réclamer que toute l’information soit rendue publique. « Je crois que c’est un excellent exemple de comment nous avons besoin de plus de transparence et d’imputabilité au sein du gouvernement », dit-il.

« Toute dépense de fonds publics devrait être enregistrée dans un registre immuable et les identités des décideurs devraient être associées à chaque entrée », dit-il.

« Dans le cas du contrat qui m’a été octroyé, on verrait clairement qui a approuvé les décisions, le montant et le but », croit-il.