Près d’une centaine de personnes ont marché dans les rues de Montréal vendredi soir pour dénoncer « l’insuffisance » des mesures prévues par le projet de loi 96 pour protéger l’avenir de la langue française au Québec. La manifestation s’est déroulée dans une ambiance festive, au son de musique francophone, alors que plusieurs brandissaient des drapeaux de la Belle Province.

« Un pays en français, c’est maintenant ou jamais. » C’est ce qu’ont scandé les manifestants en quittant le monument à George-Étienne Cartier, au parc du Mont-Royal, pour amorcer leur trajet dans les rues de la métropole. L’évènement était organisé par la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal (SSJB) et le Mouvement des jeunes souverainistes (MJS), sous le thème « En français, c’est non négociable ».

Le projet de loi 96 ne va pas assez loin, selon la présidente générale de la SSJB, Marie-Anne Alepin. « M. Legault a expliqué qu’il avait fait une réforme qui est raisonnable, mais la situation en ce moment sur le statut du français n’est pas raisonnable, surtout à Montréal », a-t-elle affirmé. Mme Alepin souhaite notamment que la loi 101 s’applique aux établissements scolaires de niveau collégial.

« Le fédéralisme canadien ne nous permet pas de prendre les mesures que nous voulons pour défendre le français », a déploré Félix Étienne, membre du MJS. L’indépendance du Québec permettrait d’assurer la survie du français, selon le regroupement.

« En ce moment, j’ai l’impression que le bateau coule, puis qu’on essaie de le réparer avec des pieds, des mains et des essuie-tout », a pour sa part déclaré Jacques Martin, en désignant le projet de loi 96.

Des personnes de tous âges étaient présentes lors de l’évènement. « Je suis content de voir qu’il y a un groupe de jeunes qui s’implique dans la cause du français », a déclaré Laval, un homme d’un certain âge qui a préféré taire son nom de famille.

« Notion de culture »

Le projet de loi 96 est nettement insuffisant pour freiner le déclin du français au Québec, a évoqué le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon. « Il n’y a pas de notion de culture dans le projet de loi 96, alors que la culture, c’est la manière par excellence de rassembler, d’être dans le positif sur le plan linguistique », a déclaré le politicien. Il croit que la culture de la province devrait être davantage valorisée dans le cadre de cette réglementation.

Le projet de loi 96, Loi sur la langue officielle et commune du Québec, le français, a été déposé le 13 mai dernier à l’Assemblée nationale, par le ministre responsable de la Langue française, Simon Jolin-Barrette.

La loi prévoit notamment le gel de la portion des étudiants qui fréquentent un cégep anglophone à 17,5 %, le niveau de l’année scolaire 2019-2020. Un ministère de la Langue française serait également créé, et la loi 101 s’appliquerait dorénavant aux entreprises de 25 à 49 employés.