L’entreprise montréalaise MindGeek – propriétaire de Pornhub, un site encore plus fréquenté que Netflix – fait face à une nouvelle demande d’enquête criminelle.

Plus de 130 victimes d’exploitation sexuelle et 630 ONG veulent que le Congrès américain ordonne au FBI de lancer une « enquête criminelle complète » sur la pornographie en ligne et présentent MindGeek comme « un modèle d’indifférence à l’égard des femmes et des enfants ».

« Des crimes graves sont commis à travers le pays, apparemment avec une impunité totale », dit la lettre, envoyée mardi à une demi-douzaine de comités gouvernementaux. « Vous êtes les seuls à pouvoir découvrir pourquoi. »

MindGeek a « sciemment facilité le trafic sexuel de mineurs et en a bénéficié », écrivent aussi les signataires.

Ces derniers évoquent les témoignages que l’entreprise et de nombreuses victimes ont fait entendre au début de 2021 à Ottawa, devant le Comité permanent de l’accès à l’information, de la protection des renseignements personnels et de l’éthique. Des femmes avaient alors raconté que Pornhub les avait ignorées lorsqu’elles avaient demandé le retrait de vidéos montrant leur agression ou de vidéos intimes diffusées contre leur gré.

Sans attendre le rapport du Comité, le commissaire à la protection de la vie privée du Canada a annoncé, le 10 mai, que son bureau ouvrait sa propre enquête. MindGeek a déclaré alors qu’elle y « coopérait entièrement ».

Attaquée partout dans le monde depuis la publication d’un reportage du New York Times, en décembre 2020, l’entreprise montréalaise a toujours nié avoir quoi que ce soit à se reprocher, soutenant au contraire être un modèle.

En avril, le New York Times a publié un complément de reportage affirmant que les propriétaires d’autres sites avaient « encore moins de scrupules » que Pornhub.

Les auteurs de la lettre envoyée au Congrès américain souhaitent donc que le FBI s’intéresse à toute l’industrie de la pornographie en ligne. Certaines des ONG signataires luttent contre le trafic sexuel ou la violence conjugale. D’autres ont une vocation religieuse.

Leur demande n’est pas la première du genre. En mars, plus de 600 victimes et ONG de 65 pays ont appelé Ottawa à lancer une enquête criminelle sur MindGeek.

Le mois suivant, plus de 70 députés fédéraux issus de tous les partis ont réclamé la même chose à la Gendarmerie royale du Canada. La GRC n’a pas précisé si elle allait de l’avant.

MindGeek n’a pas répondu à notre courriel de mercredi.