Femmes Autochtones du Québec (FAQ) dénonce la « discrimination systémique subie par les femmes autochtones dans les services de santé et les services sociaux » dans la foulée d’un dossier de La Presse où des mères anishanbées ont raconté craindre d’accoucher à l’hôpital de peur que la DPJ ne leur prenne leur bébé.

L’organisme presse Québec d’agir.

Samedi, quatre femmes de la communauté de Lac-Simon en Abitibi ont expliqué dans La Presse comment elles ont reçu à l’hôpital la visite de travailleuses sociales alors que leur bébé venait tout juste de naître ou que des soignants leur ont annoncé dans la salle d’accouchement qu’elles avaient été signalées à la DPJ. Leur conseil de bande a demandé l’abolition des « alertes bébés ». Une mesure dans le cadre de laquelle un intervenant social ou un travailleur de la santé inquiet de l’état d’une future maman avise le personnel d’un hôpital de sa grossesse pour que les soignants signalent la naissance du bébé à la DPJ.

Les signalements à la naissance ont été abolis dans plusieurs provinces et déclarés « illégaux » en Colombie-Britannique. L’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées a appelé toutes provinces à y mettre fin. Ils existent toujours au Québec.

Bien que cette pratique ne touche pas uniquement les femmes autochtones, les membres de la communauté de Lac-Simon s’estiment particulièrement visés par le CISSS de l’Abitibi-Témiscamingue. Selon Michèle Audette, commissaire lors de l’Enquête nationale, ces alertes sont un problème dans les communautés des Premières Nations « partout au Canada ».

La présidente de FAQ, Viviane Michel, dénonce cette situation. « Le personnel soignant a depuis le début de la colonisation créé un lien automatique et injuste entre les femmes autochtones et la drogue ainsi que l’alcool, un mode de vie à haut risque les empêchant de s’occuper d’elles-mêmes ou de leurs enfants », dit-elle dans un communiqué publié mardi.

« Il n’est pas rare qu’elles subissent des prises de sang non consenties pour vérifier la présence de substances psychoactives lorsqu’elles viennent accoucher dans les hôpitaux ; qu’elles soient épiées par la DPJ parce qu’elles sont enceintes ; que la naissance de leur enfant soit automatiquement signalée à la DPJ », poursuit Mme Michel.

Elle demande au gouvernement de mettre en place de manière « urgente » des politiques et des mesures antidiscriminatoires, culturellement sécuritaires, comme cela a été recommandé par l’Enquête nationale et la commission Viens. Elle demande aussi au réseau de la santé de « réviser son approche afin de rétablir la confiance des femmes autochtones ».

« Il est honteux de ne pas réagir face aux nombreux témoignages de personnes autochtones qui, terrifiées à l’idée de se rendre à l’hôpital, affirment préférer mourir chez elles ou accoucher dans le bois plutôt que de se rendre à l’hôpital. Il est impensable que les femmes autochtones aient à choisir entre leur sécurité et leur santé ou la possibilité d’être signalée aux services sociaux. »