Une quinzaine de manifestants juifs et palestiniens se sont rassemblés lundi devant le consulat d’Israël, au centre-ville de Montréal. Le groupe a voulu lancer un message de paix, en plus de demander au gouvernement fédéral de prendre position contre la violence perpétrée par Israël.

Des manifestants se tenaient dans les marches du consulat, en brandissant des affiches où des phrases étaient peintes. « Free Palestine », ou « Boycottons Israël », pouvait-on lire sur les cartons.

« On est là pour les droits de la personne qui sont bafoués en Palestine. En tant que Voix juives indépendantes, on est très clair là-dessus. Il faut que la violence arrête, mais il faut aussi comprendre les origines de la violence », a lancé Niall Ricardo, de l’organisation Voix juives indépendantes.

Le groupe tenait à préciser que les personnes juives ne constituent pas un groupe homogène, et que l’organisation ne tolère pas les actions du gouvernement israélien.

PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

« Il faut abattre les murs, construire des ponts. Le gouvernement du Québec, du Canada et la Ville de Montréal ont un rôle très important à jouer là-dedans », a ajouté M. Ricardo, en disant que « tout le monde a le droit de vivre en sécurité, qu’il soit juif ou palestinien ».

« C’est l’État israélien qui pratique le terrorisme, le racisme, et qui perpétue des crimes contre l’humanité », a affirmé le membre de la fondation Canado-Palestinienne, Denis Kosseim. Pour lui, il est important de faire la différence entre une appartenance religieuse et les actes de violence qui sont commis par des organisations en Israël.

L’homme croit que le Canada doit agir pour mettre fin aux affrontements qui sévissent outre-mer. « La moindre des choses, c’est que le gouvernement Trudeau affirme que oui, il est un pays ami avec Israël. Mais, qu’au nom de cette amitié, le bombardement de Gaza doit arrêter », a déclaré M. Kosseim.

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La voix des jeunes

Sarah Kayet, 18 ans, est d’origine palestinienne. « En grandissant, mon existence est devenue une déclaration politique », a-t-elle confié.

La jeune fille souhaite prendre parole pour dénoncer la violence. « Je dois me battre pour nos vies, ce ne sont même plus nos droits qui sont en jeu », a-t-elle déclaré.

Elias Ayoub, membre du Palestinian Youth Movement (Mouvement de la jeunesse palestinienne) souhaitait pour sa part faire entendre le point de vue des Palestiniens. « Les gens sur le terrain ont beaucoup de pouvoir une fois qu’ils sont unis. Je crois que c’est là que le changement va se passer. Ça va venir du peuple », a précisé le jeune homme.

Une manifestation en soutien à la Palestine s’est également déroulée samedi à Montréal. Dimanche, une seconde manifestation s’est cependant soldée par des altercations entre des militants pro-israéliens et pro-palestiniens.

Les affrontements se sont poursuivis dans la bande de Gaza dans la nuit de dimanche à lundi. Des bombardements effectués par l’armée israélienne se sont déroulés pendant près de dix minutes. Une journée plus tôt, des frappes israéliennes ont enlevé la vie à 42 Palestiniens à Gaza.

Ces attaques surviennent quelques heures après une déclaration du premier ministre israélien. Benyamin Nétanyahou a déclaré que « la quatrième guerre avec les dirigeants du Hamas à Gaza allait se poursuivre ». Ce sont 200 morts qui ont été recensés la semaine dernière.

Tensions sur la scène internationale

Le Conseil de sécurité de l’ONU s’est réuni pour la troisième fois en une semaine dimanche, afin de faire cesser les affrontements. Cependant, des tensions vives demeurent entre les parties.

« Le Hamas a choisi d’accélérer des tensions, utilisées comme prétexte, pour commencer cette guerre » qui a été « préméditée », a notamment déclaré l’ambassadeur israélien à l’ONU, Gilad Erdan.

Des différends se sont aussi fait sentir entre la Chine et les États-Unis lors des réunions. « À cause de l’obstruction d’un pays, le Conseil de sécurité n’a pas été capable de parler d’une seule voix », a affirmé le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi. Les États-Unis se sont opposés à un projet de déclaration proposé par la Chine, la Norvège et la Tunisie.

Une escalade de violence

Les tensions entre les autorités palestiniennes et israéliennes ont monté depuis le mois d’avril dernier. Des affrontements sur l’esplanade des Mosquées, lieu saint de Jérusalem, lors du ramadan ont dégénéré en un conflit entre Israël et le groupe militant du Hamas jusqu’à aujourd’hui.

Les menaces d’expulsions de familles palestiniennes dans le quartier de Cheikh Jarrah, dans Jérusalem-Est, pour que des Israéliens y emménagent, ont aussi envenimé le conflit.

Il s’agit des plus grands affrontements survenant depuis la Guerre de Gaza en 2014.

Avec l’Agence France-Presse et l’Associated Press