Près de 300 personnes se sont rassemblées sous le pont de la rue des Carrières, rue Saint-Denis, dimanche, pour le retrait du vélo blanc commémorant la mort de la cycliste Mathilde Blais. Sept ans après le drame, la bicyclette a été remise au Musée de la civilisation pour préserver la mémoire de la victime.

Une plaque commémorative a été dévoilée à l’endroit où la jeune orthophoniste de 33 ans a perdu la vie en 2014, happée par un camion. Le collectif Vélo fantôme avait à l’époque installé un vélo blanc sur les lieux de l’accident, pour dénoncer la dangerosité des passages sous les ponts pour les cyclistes.

Il s’agit de la première fois qu’un vélo blanc est retiré depuis les débuts de l’organisme Vélo fantôme en 2013. Cet évènement se déroule à la suite de la mise en place d’une infrastructure du Réseau express vélo (REV) dans la rue Saint-Denis, qui aurait pu sauver la vie de Mme Blais.

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Geneviève Laborde, mère de la défunte

« Ça ne remplacera jamais ma fille, je suis toujours en deuil. Mais de savoir que son décès apporte quelque chose aux autres, ça fait rayonner sa mémoire », a déclaré avec émotion la mère de la défunte, Geneviève Laborde.

Mme Laborde a remis en main propre le vélo blanc à la mémoire de Mathilde au directeur général du Musée de la civilisation, Stéphan La Roche, devant la foule réunie sous le viaduc.

« C’est un moment commémoratif, mais aussi de fierté. La prise en charge par Vélo fantôme a forcé la Ville à faire des changements pour créer un aménagement sécuritaire. On peut transformer le deuil en quelque chose de positif », a déclaré M. La Roche.

Plusieurs élus étaient présents pour assister à l’évènement, dont la mairesse de Montréal, Valérie Plante, le ministre du Patrimoine canadien, Steven Guilbeault, et la députée de Québec solidaire Ruba Ghazal.

« Je suis émue d’être ici, parce qu’on enlève un premier vélo blanc. J’ai envie de vous dire que c’est le premier, mais que ce ne sera pas le dernier », a déclaré Valérie Plante. Elle invite tous les candidats à la mairie de Montréal à s’engager à ne pas démanteler le REV, de façon à assurer la sécurité des citoyens.

L’organisme Vélo fantôme installe des vélos blancs aux endroits où des cyclistes ont perdu la vie à Montréal. L’organisation souhaite ainsi sensibiliser la population au partage de la route entre les automobilistes et les cyclistes, tout en honorant la mémoire des victimes. Des monuments se situent notamment sur l’avenue du Parc, à la mémoire de Suzanne Châtelain, et à l’angle nord-est de la rue Lajeunesse et du boulevard Crémazie, pour Clément Bazin, qui y a perdu la vie en 2018.

La cérémonie du retrait du vélo blanc était empreinte d’émotions. Le frère de Bernard Carignan, cycliste mort dans la rue Saint-Denis en 2015, a pris la parole pour souligner l’importance des vélos blancs. Francisco Carignan a aussi salué le « courage de Valérie Plante » concernant la mise en place du REV, en invitant les cyclistes à « s’approprier » la piste cyclable.

Des personnes de tous âges étaient réunies pour souligner la mémoire de Mathilde Blais. Julie Roy et Nicolas Roy sont venus à l’évènement accompagnés de leurs deux enfants. « On en a profité pour leur parler de la sécurité en vélo et du port du casque. C’est aussi une célébration du REV en quelque sorte », a affirmé M. Roy.

Sous le soleil de dimanche, Francine Brisebois et son mari, cyclistes de longue date, se sont dits soulagés qu’un nouvel aménagement ait été fait sous le pont de la rue des Carrières. « J’ai passé une fois ici, et c’était sur le trottoir. Une chance qu’ils ont fait ça. »