(Québec) L’appel à l’aide a été entendu par le gouvernement Legault, se réjouissent les maisons d’hébergement pour femmes victimes de violence conjugale. En tout, 163 places et 313 postes d’intervenantes y seront créés d’ici un an grâce aux fonds supplémentaires débloqués par Québec.

La vice-première ministre Geneviève Guilbault a confirmé vendredi en conférence de presse l’attribution de près de 223 millions de dollars supplémentaires sur cinq ans pour prévenir la violence conjugale.

« C’est un plan d’urgence » qui vise à répondre à « la gravité de la situation », a déclaré Mme Guilbault, faisant allusion aux 10 féminicides survenus depuis le début de l’année au Québec. « On veut offrir plus de services plus rapidement aux femmes qui en ont besoin », a-t-elle ajouté.

De la cagnotte, 92 millions sont destinés aux 110 maisons d’hébergement. Leur financement passera d’environ 80 millions à 127,5 millions par année d’ici 2025-2026.

« Ça va nous permettre d’aider plus de femmes et d’avoir un filet de sécurité beaucoup plus serré que celui qu’on a actuellement », a affirmé la directrice de la Fédération des maisons d’hébergement pour femmes, Manon Monastesse.

La ministre responsable de la Condition féminine, Isabelle Charest, a promis que « l’argent [allait] descendre rapidement dans les milieux ». Des sommes annoncées l’an dernier avaient tardé à se rendre dans les maisons d’hébergement. « Maximum d’ici un mois, l’argent va être rendu. S’il y a des problèmes, on va aviser », a insisté Geneviève Guilbault.

Le taux d’occupation des maisons d’hébergement – qui comptent 1386 places en ce moment – a avoisiné, voire dépassé, 100 % en 2019-2020. Le Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale a dû refuser 3500 demandes dans la dernière année, a signalé sa présidente, Chantal Arseneault. L’ajout de 163 places viendra en partie combler les besoins. C’est « un pas important » qui est fait par le gouvernement, a-t-elle affirmé.

L’embauche de 313 intervenantes permettra de développer des services qui vont au-delà de l’hébergement.

La députée caquiste Isabelle Lecours, qui a elle-même été victime de violence conjugale, a reçu le mandat de travailler avec les maisons d’hébergement pour mieux cerner les besoins et, par exemple, évaluer la possibilité d’ouvrir de nouvelles maisons.

Les 223 millions permettront également, par exemple, d’augmenter le financement des organismes d’aide aux hommes ayant des comportements violents, d’ajouter des effectifs en violence conjugale dans les corps policiers, de rehausser les services de l’organisme SOS violence conjugale et d’améliorer les services juridiques avec l’accompagnement d’une victime par un seul et même procureur du début à la fin du processus.