(Ottawa) Les libéraux de Justin Trudeau espèrent que les acteurs du logement abordable utiliseront les sommes allouées dans le budget de lundi prochain pour augmenter le parc d’unités destinées aux Autochtones en milieu urbain.

Déjà depuis les élections de 2019, les libéraux admettent que le chaînon manquant dans leur Stratégie nationale sur le logement demeure le financement du logement abordable pour ces Autochtones qui vivent dans les villes.

Les intervenants peuvent bien sûr puiser dans les programmes existants qui constituent le reste de la stratégie nationale de 70 milliards, mais ils ont demandé un financement spécifique pour répondre aux besoins uniques des Autochtones en milieu urbain.

Plusieurs sources dans le secteur du logement qui se sont entretenues récemment avec La Presse Canadienne, sous le couvert de l’anonymat pour discuter de questions non rendues publiques, ont déclaré que des fonctionnaires leur avaient clairement laissé entendre que le budget de lundi comprendra des mesures pour répondre à ces demandes.

Un rapport publié plus tôt cette année par le Directeur parlementaire du budget (DPB) indique que la Stratégie nationale sur le logement des libéraux alloue explicitement 179 millions par année au logement des Autochtones dans les régions urbaines, rurales et nordiques.

Mais pour vraiment combler l’écart d’accès au logement auquel ces Autochtones sont confrontés, le DPB a estimé que le gouvernement devrait dépenser entre 159 millions et jusqu’à 1,4 milliard de plus par année, selon le pourcentage des coûts de construction et des subventions au loyer que le gouvernement veut couvrir.

Margaret Pfoh, PDG de l’Aboriginal Housing Management Association, en Colombie-Britannique, a déclaré que tout nouveau programme de logement pour les Autochtones en milieu urbain devrait être élaboré et mis en œuvre par eux-mêmes.

Plus que de la brique

En Colombie-Britannique, le gouvernement provincial envoie des fonds pour le logement à l’association, qui verse ensuite des subventions et des capitaux aux fournisseurs de logements.

« La réalité, c’est que les besoins complexes de notre communauté nécessitent plus que de la brique et du mortier, explique Mme Pfoh. On ne peut pas simplement construire quatre murs et croire que le problème est réglé : on parle de l’oppression systémique qui doit être changée, et le soutien qui doit accompagner ce changement coûte plus cher que les matériaux. Nous avons besoin de services globaux de soutien pour nos communautés. Et cela doit aussi être dirigé par notre communauté, pour notre communauté, pas par le gouvernement. »

Les libéraux ont élargi la stratégie sur le logement dans leur Énoncé économique de novembre dernier, en ajoutant 12 milliards en prêts pour aider à construire plus de logements locatifs au pays.

Un autre milliard a également été consenti aux municipalités dans le cadre de l’Initiative pour la création rapide de logements, qui permet aux villes ou aux fournisseurs de logements de construire des maisons modulaires en peu de temps, ou d’acheter des propriétés comme des hôtels pour les transformer rapidement en unités abordables. Comme ce programme a rapidement été débordé par son succès, on s’attend à ce que le budget de lundi prévoie sa relance.

Garth Frizzell, président de la Fédération canadienne des municipalités, indique qu’une priorité absolue pour les villes est de créer 24 000 nouvelles unités – le programme existant en a créé 4700. Selon M. Frizzell, ce succès prouve qu’il faut le poursuivre, en particulier avec des taux d’intérêt bas, la nécessité de créer des emplois et d’aider les municipalités à attirer des travailleurs – alors que le gouvernement libéral cherche à renforcer la croissance économique.

« À mesure que l’économie reprend, beaucoup de postes s’ouvrent, mais il n’y a pas assez de travailleurs dans ces régions, à cause du manque de logements », a-t-il soutenu.