(Québec) Deux nouvelles études viennent documenter le déclin actuel et futur du français au Québec.

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En 2036, seuls sept Québécois sur dix pourraient avoir encore le français comme langue maternelle, en recul de sept à dix points de pourcentage par rapport à 2011. La capacité de soutenir une conversation en français, elle, « devrait varier assez peu » d’ici 2036.

C’est ce qui ressort d’une étude de Statistique Canada réalisée à la demande de l’Office québécois de la langue française (OQLF).

Selon l’étude dévoilée lundi, il y aura une augmentation modeste de la population utilisant l’anglais à la maison (de 11 % en 2011 à environ 13 % en 2036).

Le déclin du français ne se fera donc pas au profit de l’anglais. « Cela est directement tributaire du fait que la population immigrante est composée de personnes dont la langue maternelle et la langue parlée le plus souvent à la maison sont principalement des langues tierces. »

Différents scénarios

Les auteurs principaux de l’étude, René Houle et Jean-Pierre Corbeil, y sont allés de projections pour voir l’impact qu’auraient différents scénarios.

Par exemple, le recul du français serait-il moins prononcé si l’on augmentait la part d’immigrants originaires de pays francophones ? Si la connaissance du français à l’arrivée des immigrants économiques était plus élevée ?

La réponse : non. Les différentes hypothèses de travail étudiées « auraient somme toute un effet assez limité sur l’accroissement du poids démographique de la population québécoise de langue française », peut-on lire.

Même les scénarios théoriques peu probables, par exemple celui où 100 % des personnes immigrantes du volet économique seraient originaires de pays francophones, […] ne permettraient de faire progresser que marginalement les différents indicateurs du français.

Extrait de l’étude de l’OQLF

Une modification dans la composition linguistique de l’immigration économique, peut-on encore lire, « n’ajouterait donc que quelques milliers de personnes de langue française, tous indicateurs confondus, chaque année, sur une population de plusieurs millions de personnes ».

Stabilité en matière de connaissance du français

La bonne nouvelle, c’est que bien que le français soit en recul à titre de langue maternelle ou à titre de langue parlée le plus souvent à la maison, les Québécois devraient continuer en général de savoir s’exprimer dans cette langue.

Simon Jolin-Barrette, ministre responsable de la langue française, a promis au printemps de renforcer le français au Québec. Il a déjà indiqué qu’il prévoyait notamment assujettir à la loi 101 les entreprises de compétence fédérale (comme les banques ou VIA Rail). Le gouvernement caquiste entend aussi ne plus communiquer qu’en français avec les entreprises et les organisations.

Ainsi, encore en 2036, les auteurs de l’étude prévoient que la connaissance du français oscillera autour de 94 %.

Une autre étude dévoilée elle aussi lundi par l’OQLF, intitulée « Langues utilisées dans diverses situations de travail au Québec en 2018 », démontre pour sa part que « le lieu où est situé le siège social semble avoir un effet sur l’utilisation du français ou de l’anglais au travail ».

« Le français domine dans les entreprises dont le siège social se situe en dehors de la région métropolitaine de recensement (RMR) de Montréal, alors que l’anglais est plus présent dans les organisations dont le siège social est situé dans la RMR de Montréal, ailleurs au Canada ou dans un autre pays. »