La policière de Mont-Tremblant qui faisait l’objet d’une enquête pour avoir utilisé le système informatique de son employeur à des fins personnelles n’a commis aucune infraction criminelle, a conclu la Sûreté du Québec. Le syndicat de l’agente allègue qu’elle est victime d’une « chasse aux sorcières » visant à déterminer comment La Presse a obtenu un échange de courriels entre la mairesse de Lac-Tremblant-Nord et elle.

« Aucune infraction de nature criminelle n’a été commise », a confirmé Ann Mathieu, porte-parole de la Sûreté du Québec (SQ). C’est la Ville de Mont-Tremblant qui avait demandé à la SQ d’enquêter sur le « comportement » de la policière, le 18 février dernier, a révélé La Presse, vendredi. La Ville a affirmé qu’elle « n’émettrait aucun commentaire ».

La Fédération des policiers et policières municipaux du Québec (FPMQ) s’est dite soulagée qu’aucune accusation criminelle ne soit portée contre la policière, qui voulait « rétablir la vérité ». « Mais une enquête criminelle, c’est grave. Ce qui s’est passé, c’est grave », a déclaré François Lemay, président de la FPMQ.

Dans des entrevues menées à la fin du mois de janvier, le maire de Mont-Tremblant, Luc Brisebois, et la mairesse de Lac-Tremblant-Nord, Kim Meyer, ont affirmé que « les services à la population n’étaient plus assurés ». Ils ont pressé Geneviève Guilbault, ministre de la Sécurité publique, d’abolir le corps de police municipal afin de le remplacer par la SQ.

Kim Meyer a notamment raconté à La Presse avoir appelé le 911 et avoir eu des appels avec les policiers au lendemain de sa plainte. Elle a déclaré que ceux-ci n’ont finalement « jamais adressé la situation ».

Or, des courriels de la mairesse Kim Meyer laissent plutôt croire que c’est elle qui a abandonné sa plainte, malgré l’insistance de la policière. « Apres (sic) reflections (sic) et discussion avec mon mari, nous avons decider (sic) d’attendre avant de porter plainte », écrit-elle dans un message. Kim Meyer n’a pas voulu répondre à nos questions, vendredi.

« Elle a défendu son intégrité »

Quand la policière a entendu la version de la mairesse Kim Meyer dans les médias, elle s’est sentie interpellée, affirme la FPMQ. Elle aurait remis les courriels à son syndicat afin que la « vérité sorte ». « Son objectif était de défendre son intégrité. C’est elle qui était attaquée sur la place publique. Elle a défendu son intégrité et l’intégrité du service de police au complet en remettant cette preuve à son syndicat », dit M. Lemay.

La policière aurait appris vendredi après-midi qu’aucune accusation ne serait portée contre elle. Selon la FPMQ, elle n’a reçu aucun appel de son employeur et demeure donc suspendue.

Rappelons que, depuis 2018, le climat est à couteaux tirés entre les policiers de Mont-Tremblant et leurs directeurs. En décembre 2019, le conseil d’agglomération a voté à l’unanimité l’abolition de son corps de police afin de le remplacer par la SQ. La ministre Guilbault a accédé à la demande de la Ville, le 27 janvier dernier.