(Québec) Les hommes au Québec doivent se passer le mot : ce n’est pas « viril » d’être violent envers les femmes.

C’est dans ces termes que le premier ministre François Legault a abordé sa conférence de presse visant à faire le point sur la pandémie mercredi.

Le chef du gouvernement n’a pu s’empêcher de commenter le double meurtre qui a eu lieu lundi à Sainte-Sophie, dans les Laurentides.

Ce féminicide s’inscrit dans une inquiétante série de meurtres conjugaux survenus au Québec ces dernières semaines.

« Ça n’a pas de bon sens », s’est exclamé François Legault, en soulignant qu’« encore une fois », deux femmes avaient été tuées « chez nous ».

« J’ai le goût de parler aux hommes, d’homme à homme, a-t-il poursuivi. Il n’y a rien de masculin, il n’y a rien de viril à être violent avec une femme. »

« Au contraire, moi je trouve ça lâche. »

Il a invité les hommes à parler à leurs garçons ainsi qu’à leurs amis : « Ça n’a pas de bon sens qu’en 2021, on vive comme des barbares ».

« On est dans une société civilisée, et toutes nos femmes et nos enfants ont le droit à un milieu sécure. Passons le mot. »

M. Legault a ajouté « espérer » que la situation s’améliore grâce aux mesures mises en place par son gouvernement pour soutenir les centres d’hébergement pour femmes.

Cette dernière phrase a fait réagir mercredi soir la porte-parole du Parti québécois (PQ) en matière de condition féminine, Méganne Perry Mélançon.

En entrevue, elle a dit souhaiter que l’argent suive les beaux discours. Elle affirme que les maisons d’hébergement sont encore sous-financées.

« Ça fait déjà un bon moment qu’elles demandent un rattrapage dans le financement à leur mission, mais également la création de nouvelles places, et ça, ce n’est pas encore au rendez-vous », a-t-elle déclaré.

« Le gouvernement qui se disait proactif tout à l’heure, bien il va falloir que les chiffres le démontrent dans le prochain budget. »

Mme Perry Mélançon soutient également que les besoins sont encore plus criants depuis le début de la pandémie.

Des femmes sont isolées avec leurs conjoints violents et soit ne peuvent ou ne veulent aller chercher de l’aide. « On sait que les femmes ont moins de possibilités de dénoncer. »

À Sainte-Sophie, la première victime, âgée de 60 ans, est décédée de ses blessures mardi.

Le décès de la seconde femme, âgée de 28 ans et qui a un lien familial avec la sexagénaire, a été confirmé quelques heures plus tard.

Le suspect, un homme de 33 ans gravement blessé dans un accident de la route lundi, doit être rencontré par les enquêteurs dès que son état de santé le permettra.