(Ottawa) Alors que les sénateurs débattent du projet de loi visant à élargir l’accès à l’aide à mourir depuis le début de la semaine, le sénateur Pierre-Hugues Boisvenu a demandé des règles plus souples pour permettre à des personnes comme Sandra Demontigny, atteinte d’Alzheimer, d’avoir accès à l’aide à mourir anticipée. Mais l’amendement a été refusé par le Sénat.

Le sénateur conservateur Boisvenu a été touché par l’histoire, racontée dans La Presse au début du mois, de cette militante qui implore les autorités gouvernementales de changer les lois rapidement, pour ne pas qu’elle termine sa vie dans la détresse et la douleur. Il a donc pris la parole au Sénat, mardi soir, pour demander de modifier un amendement au projet de loi C-7, ce qui permettrait notamment à Mme Demontigny, d’avoir accès à l’aide à mourir anticipée. Cette mère de trois enfants, autrice du livre « L’urgence de vivre : ma vie avec l’Alzheimer précoce », a appris dernièrement qu’elle était maintenant au stade « modéré » de l’évolution de la maladie. Le prochain stade est le dernier : « avancé ».

« Il m’apparaît que C-7 oublie la souffrance des patients aux prises avec des maladies graves, telles les maladies dégénératives cérébrales comme l’Alzheimer ou la démence », a expliqué M. Boisvenu aux autres sénateurs.

Il a ajouté qu’une demande anticipée pour bénéficier de l’aide médicale à mourir permettrait de « vivre sereinement, sachant que lorsque le moment viendra, elle et sa famille n’auront pas à subir la terrible souffrance qu’engendre la maladie d’Alzheimer à son dernier stade ».

Je crois sincèrement qu’une personne qui reçoit un tel diagnostic médical a le droit de déterminer quand son corps doit cesser de vivre afin que son départ se fasse dans la dignité et l’amour de sa famille.

Pierre-Hughes Boisvenu, sénateur

PHOTO ISABELLE LÉGARÉ, LE NOUVELLISTE

Sandra Demontingny, 39 ans, atteinte d’Alzheimer.

Jointe par téléphone, Sandra Demontigny a confié qu’elle n’aurait pas imaginé que son histoire puisse avoir des échos jusqu’à Ottawa. « Il suffit des fois que quelqu’un prenne la balle au bond pour l’emmener en haut. »

La femme de 41 ans a parlé du sénateur comme « un ange venu du ciel » pour l’aider. « C’est un beau cadeau. Autant j’en veux à la vie de m’avoir envoyé un paquet de troubles, autant, à d’autres moments, je suis reconnaissante qu’elle me permette de rencontrer des personnes fascinantes, dévouées et charmantes comme M. Boisvenu. »

Après l’allocution du sénateur québécois, le Sénat a toutefois refusé d’adopter son amendement.

Par écrit, M. Boisvenu a réagi à cette décision. « Je suis profondément triste et troublé. Mes pensées vont à Sandra Demontigny et aux milliers de personnes qui souffrent de maladies dégénératives comme l’Alzheimer ou la démence. Un soir triste pour ces malades qui m’ont si généreusement confié leurs souffrances malgré leurs états précaires afin que je puisse parler en leurs noms pour que tous les sénateurs puissent les entendre. »

« Suite au vote qui aura défait mon amendement, le projet de loi C7 est, et continuera d’être, une prison dans laquelle elles sont condamnées à rester enfermées pour des années, sans que la science médicale ne puisse faire quoi que soit », a-t-il ajouté.

D’ici le 17 février, une version modifiée du projet de loi sera présentée à la Chambre des communes où les députés pourront ensuite décider d’accepter ou de rejeter les amendements adoptés dans la dernière version du projet de loi proposée par le Sénat.

Rappelons que ce projet de loi vise à se conformer à une décision de la Cour supérieure du Québec de 2019 qui a jugé la loi fédérale sur l’aide médicale à mourir inconstitutionnelle en l’offrant uniquement aux personnes dont la mort naturelle est raisonnablement prévisible.