S’il y a un cliché représentant l’American Boy dans toute sa splendeur, c’est bien le culte du quart-arrière. Grand, fort, brillant, car c’est le cerveau de l’équipe et… beau. Ne me demandez pas pourquoi, mais tous les quarts-arrières sont beaux. Comme si une exceptionnelle coordination œil-bras allait de pair avec de jolis traits.

Et le plus beau des beaux quarts-arrières, c’est Tom Brady : 6 pieds 4 de verticalité sculptée, 224 livres de corps musclé. Avec son équipe collégiale, il était à croquer. Durant toute sa carrière avec les Patriots de la Nouvelle-Angleterre, il n’a cessé de s’embellir, malgré tous les coups reçus par dizaines à chacun des matchs. Et maintenant, avec les Buccaneers de Tampa Bay, à 43 ans, sa beauté mûre est encore plus séduisante.

Tom Brady est l’image de l’Américain parfait. Le gagnant. Le winner. L’Homo perfectus. C’est le joueur le plus titré de la Ligue nationale de football. Six Super Bowls. Dimanche, il tentera de rendre son record encore plus inatteignable.

PHOTO GERRY BROOME, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Tom Brady participera encore une fois au Super Bowl de la NFL, cette fois-ci, avec les Buccaneers.

Son histoire est le typique film américain feelgood. Au secondaire, il est aussi doué pour le baseball que pour le football. Il choisit le ballon ovale. Les experts pensent qu’il a pris la mauvaise décision. Au repêchage de la NFL, il est choisi au sixième tour. Le 199e choix au total. Presque 200 joueurs sont sélectionnés avant celui qui deviendra le plus grand de tous les temps. C’est la success story idéale. L’underdog devenu l’overgod.

Tom Terrific amorce son ascension avec le nouveau millénaire. En 2000, il est le second de Drew Bledsoe. Le numéro 1 se blesse en 2001, Brady a sa chance. Le reste est history. En 2001, son premier Super Bowl. À 23 ans, seulement. En 2003, son deuxième, en 2004, son troisième. En 2007, les Pats ont une saison parfaite, Brady aussi, jusqu’à l’ultime match. Défaite contre les Giants. Comme on est rapide pour déboulonner les statues, on dit qu’il commence sa descente. Son séjour au top est terminé. La saison suivante, il se blesse. Et, de fait, le magique Tom ne réussit plus ses trucs. Pas de championnat en 2008, 2009, 2010, 2011, 2012, 2013. Ça fait plaisir à bien des gens. La perfection tape sur les rognons. Brady est trop lisse. Et en plus, il a la plus belle épouse du circuit, le superbe top-modèle brésilien Gisèle Bündchen, une autre parfaite.

Qui se ressemble s’assemble. La belle et le beau. L’amour, l’argent et la gloire. C’est frustrant pour les autres mortels. Alors si Brady peut commencer à perdre, on ne se plaindra surtout pas.

Suivez bien la courbe dramatique. Ça part de très bas. Ignoré à son arrivée. Ça monte de façon vertigineuse dès ses premiers pas. Puis la courbe s’aplatit, s’aplatit, s’aplatit. À la Arruda. Puis ça remonte en fou. Brady a un nouveau surnom : The Comeback Kid. Il gagne le super bol de salade tous les deux ans : 2014, 2016, 2018. Suivant cette logique, il devrait le gagner en 2020. Je sais, on est en 2021. Mais le championnat du football de la saison 2020 se gagne l’année suivante. Ce n’est pas à cause de la pandémie. C’est toujours comme ça.

La grosse différence entre le Tom d’il y a deux ans, et celui de demain, c’est qu’il n’est plus dans la même équipe. Oui, la Nouvelle-Angleterre a laissé partir le Zeus de l’Olympe. On n’a pas réussi à s’entendre avec lui. On le croyait, cette fois, vraiment sur la pente descendante. Un joueur de football, en crise de quarantaine, ça ne peut qu’être passé date. Les Pats le remplacent et Brady se trouve un job avec un club moyen, Tampa Bay. Ils n’ont pas gagné le match avec les bonnes pubs depuis 2002. Mon oncle Tom en a gagné à lui seul cinq depuis.

Pendant que New England devient un club moyen, les Buccaneers commandés par le numéro 12 deviennent l’équipe cendrillon de la saison. Deux mythes se rencontrent, celui de Cendrillon et celui du beau quart-arrière. C’est Walt Disney et l’American way. Difficile d’y résister.

Voilà pourquoi les experts ne veulent pas mal paraître encore une fois. Plusieurs d’entre eux choisissent une victoire de Brady sur le meilleur quart actuel de la NFL, Patrick Mahomes. Ce qui serait très étonnant. Les Chiefs, c’est The Machine ! Les Pats d’antan. Forts partout. Et jeunes. Si jamais TB12 parvient à gagner demain, malgré son âge et une équipe moins talentueuse devant lui, ça voudra dire qu’il est plus qu’un surhomme, il est l’ultime humain. Parce que c’est pour ça qu’on sera tous derrière lui, même si on aime Kansas City, la team de LDT, Brady n’est plus parfait, il fait partie de notre gang, il est vieux. Mais c’est un super vieux.

En cette période particulièrement difficile pour les aînés, comme on dit, avoir le plus vieux joueur qui réussit le plus grand exploit, ça ferait du bien.

Même si ma tête dit que les Chiefs vont gagner, mon cœur dit : Go Brady Go !

Bon Super Bowl !