Lionel Messi est l’un des plus grands joueurs de socc…, pardon, de foot de la planète. Le salaire de l’Argentin a été révélé par un journal espagnol ces derniers jours. Un contrat de quatre ans le lie au FC Barcelone, contrat dont la valeur vertigineuse faisait la largeur du journal : 555 237 619 euros.

Vous avez bien lu : un demi-milliard d’euros.

En dollars du dominion, c’est 858 millions CAN.

Tant mieux pour M. Messi, qui n’aura jamais à se soucier du confort financier de ses descendants, ni de celui des descendants de ses descendants, ni de celui des descendants des descendants de ses descendants… au moins jusqu’à l’an 2289.

PHOTO JOAN MONFORT, ASSOCIATED PRESS

Le FC Barcelone a consenti à l’Argentin Lionel Messi un contrat de 4 ans évalué à 555 237 619 euros, soit plus de 850 millions CAN.

Je vous parle du salaire de M. Messi pour illustrer à quel point le soccer est un sport richissime. Le marché de ce sport est, plus que tout autre sport, véritablement planétaire. La soif d’exploits footballistiques ne connaît aucune frontière, et on peut être un fan de Manchester United du Plateau à Macao.

>LISEZ un article sur le salaire accordé à Lionel Messi (en anglais)

Le soccer est depuis toujours le seul sport planétaire, pratiqué partout, regardé partout. Seulement, la mondialisation a injecté des hectolitres de stanozolol au soccer, à la faveur de l’explosion de l’internet et de l’ouverture des marchés asiatiques. Le monde a rétréci, les revenus du soccer ont grossi.

Je vous parle du salaire de M. Messi pour vous parler de la Ville de Montréal, qui s’entête à trouver que c’est une bonne idée d’accueillir ici quelques matchs de la Coupe du monde en 2026. Le Mondial 2026 aura principalement lieu aux États-Unis, avec quelques matchs-grenailles au Mexique et au Canada.

J’ai chroniqué là-dessus en 2018, j’avais quelques questions sur le financement de ces trois matchs à Montréal. On savait déjà que la FIFA, qui gouverne le soccer mondial, avait des demandes financières absolument indécentes à l’égard des gouvernements qui souhaitaient accueillir des matchs.

>(RE)LISEZ la chronique « J’ai quelques questions à propos de la Coupe du monde 2026 »

On le savait parce que le cahier de charges de la FIFA – ses exigences financières – avait filtré dans des médias de la Colombie-Britannique, après que le gouvernement de la Colombie-Britannique eut refusé d’investir un seul dollar dans les goussets de la FIFA.

Trois ans et demi plus tard, le gouvernement de François Legault refuse d’embarquer. Pour les mêmes raisons que celles du gouvernement libéral de la Colombie-Britannique à l’époque, pour 150 millions de bonnes raisons, celui de François Legault a dit NON : pas question d’être le guichet automatique de la FIFA.

Parce que quand on lit le cahier de charges de la FIFA, c’est un peu ce qu’elle exige des gouvernements locaux… En termes polis, bien sûr. C’est pour ça que la Colombie-Britannique a refusé d’accueillir dès 2018 des matchs de la Coupe du monde 2026 : parce que la FIFA exige un chèque en blanc. Aux États-Unis, Chicago et Minneapolis avaient décliné, exactement pour les mêmes raisons.

Les exigences de la FIFA sont indécentes parce que le marché du soccer mondial génère assez de revenus pour payer un seul joueur 800 millions CAN pour quatre ans. La FIFA génère suffisamment de revenus dans une Coupe du monde pour financer une grande partie de l’aventure (profit de 2,6 milliards US en 2014, au Brésil). Mais la magie des « retombées » et de la « visibilité » fait faire des folies aux pays qui désirent accueillir la FIFA : le Brésil a payé 15 milliards pour des stades et des infrastructures liés au Mondial ; la Russie, 11 milliards.

>LISEZ un article sur les exigences de la FIFA (en anglais)

Alexandre Pratt explique dans ce numéro de La Presse+ les dessous du NIET opposé par le gouvernement Legault à la FIFA. C’est un refus qui tombe sous le sens. Et imaginez, en plus des dizaines de millions de l’argent des taxes qu’il faudrait donner à la FIFA, les grands évènements comme le Grand Prix de F1, le Festival international de jazz de Montréal et le festival Juste pour rire ne pourraient pas avoir lieu en même temps que le match du Mondial à Montréal… Exigence de la FIFA !

>LISEZ la chronique d’Alexandre Pratt

Oh, l’embargo pour ce qui est des « évènements majeurs » à caractère sportif commencerait sept jours avant la Coupe du monde et s’étendrait sept jours après. Traduction : après la FIFA, le déluge. Et même avant…

Pour les évènements culturels, c’est plutôt une journée avant et après.

Ce qui me consterne, c’est l’entêtement de l’administration Plante d’accueillir quelques matchs de la Coupe du monde de la FIFA en 2026.

Si notre maire était Denis Coderre, je comprendrais un peu plus l’entêtement : l’ex-maire n’aimait rien de plus que les grands-évènements-prestigieux, d’autant que ces grands-évènements-prestigieux font de superbes décors pour les selfies.

Mais Valérie Plante, mairesse issue de Projet Montréal, parti qui est l’antithèse de ces évènements gigantissimes qui vampirisent des fonds publics… Je ne comprends pas.

Privatiser les profits et socialiser les risques, sur le modèle détestable du pire de ce que la mondialisation a à offrir : c’est aussi ça, le Mondial de la FIFA. Le volet sportif est exaltant ; son volet business est un monument à l’iniquité.

S’il y a un parti qui devrait comprendre ça, c’est bien celui de Mme Plante.