(Québec) Plus de 600 personnes ont assisté en ligne vendredi à la commémoration du quatrième anniversaire de l’attentat à la grande mosquée de Québec qui a fait six morts et 19 blessés le 29 janvier 2017.

Ce soir-là, Mamadou Tanou Barry, Ibrahima Barry, Khaled Belkacemi, Abdelkrim Hassane, Azzeddine Soufiane et Aboubaker Thabti sont tombés sous les balles. Ils ont laissé derrière eux 17 orphelins.

Vendredi, plusieurs personnalités ont pris la parole, dont la championne de slam poésie Véronica Rioux, qui, en plus de s’outrer du massacre à Québec, a rappelé la mort odieuse en 2020 de George Floyd aux États-Unis, et celle de Joyce Echaquan à l’Hôpital de Joliette.

« C’est assez », a-t-elle lancé, découvrant ainsi le thème de la soirée. « Hurlons à l’unisson que nous honnissons le racisme, s’est permis le maire de Québec, Régis Labeaume. Décidons ensemble que toute forme d’intolérance, de racisme nous sont collectivement interdits. »

« Notre population […] continuera à se métisser. Le racisme à Québec, c’est non, pas question. Le racisme, c’est assez », a tonné le maire. « C’est une journée pour se rappeler de ne jamais baisser la garde face à la haine », a ajouté le premier ministre François Legault dans un message préenregistré.

Entre deux discours, des versets du Coran et une minute de silence. Des hommes blessés dans la tuerie à la grande mosquée sont venus rappeler tous les impacts physiques et psychologiques de la tragédie et dire que, comme la COVID-19, le racisme et l’islamophobie existent bel et bien.

« Je ne suis pas capable d’effacer les images, a témoigné Mohamed Khabar, qui a été atteint de deux balles le soir du 29 janvier 2017 et qui dit vivre avec la crainte que cela se reproduise. J’ai vu mes frères tomber […] et j’ai entendu les cris incroyables de frayeur des enfants qui étaient présents. »

Selon le président du Centre culturel islamique de Québec (CCIQ), Abderrahim Loukili, tant qu’on ne peut pas répondre avec assurance que oui, la communauté musulmane est à l’abri d’un autre drame, c’est qu’« il reste encore du travail à faire ».

Plus tôt en conférence de presse, une des organisatrices de la commémoration, Maryam Bessiri, a déclaré que l’évènement se voulait un « appel à la réflexion […] de cette société inclusive qu’on veut mettre en place ». « C’est beaucoup plus qu’un devoir de mémoire », a-t-elle insisté.

À ses côtés, Sébastien Bouchard a déploré que le gouvernement du Québec n’ait toujours pas reconnu l’existence du racisme systémique et de l’islamophobie. Le cofondateur du CCIQ, Boufeldja Benabdallah, a prié M. Legault de sortir du « déni ».

M. Bouchard a néanmoins souligné les mesures annoncées par Québec l’automne dernier afin de lutter contre le racisme. Il a dit espérer « que ces mesures se transforment en actions concrètes ».

Une minute de silence à Ottawa

À Ottawa, legouvernement fédéral de Justin Trudeau a officiellement fait du 29 janvier la Journée nationale de commémoration de l’attentat à la mosquée de Québec et d’action contre l’islamophobie.

« L’élimination de l’islamophobie est un pilier important de la stratégie canadienne de lutte contre le racisme », a déclaré M. Trudeau dans un communiqué diffusé vendredi pour marquer l’anniversaire de la tragédie.

En conférence de presse, il a eu ce message pour les familles des victimes, et pour tous les membres de la communauté musulmane : « Je sais que ça fait encore mal. Au nom de tous les Canadiens, on est solidaire avec vous.

« Les commentaires racistes, les propos haineux, les insultes des trolls, la désinformation, que ce soit en ligne ou ailleurs, ont des conséquences réelles. Il faut en être conscient, et il faut continuer d’agir. »

La Chambre des communes a également tenu une minute de silence en hommage aux victimes.

En soulignant l’anniversaire, vendredi, de l’attentat à la mosquée de Québec, le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD), Jagmeet Singh, a reproché au gouvernement fédéral de se traîner les pieds en n’ayant pas encore interdit les armes de poing.

Jagmeet Singh veut également qu’Ottawa intervienne pour censurer les messages d’extrême droite sur les médias sociaux.

« Ce qu’on exige du gouvernement, c’est qu’il mette en œuvre des mesures concrètes pour limiter les messages haineux et qui inspirent la violence, et de prendre la responsabilité d’arrêter cette sorte de message sur les médias sociaux », a-t-il affirmé.