Les visites à l’hôpital Sainte-Justine sont devenues hebdomadaires pour Nathan Nardin, papa d’un enfant malade qui subit des transfusions sanguines plusieurs fois par an. À son grand étonnement, la pharmacie Jean Coutu située à l’intérieur du centre hospitalier interdit en ce moment l’achat de jouets, en raison de l’interdiction de vendre des produits non essentiels.

Bien qu’il comprenne le bien-fondé de la mesure, le père de famille demeure perplexe. M. Nardin visite l’hôpital Sainte-Justine tous les lundis depuis environ un an. Se rendre à la succursale Jean Coutu de l’hôpital et acheter un jouet ou un livre pour son garçon après chaque rendez-vous est devenu une habitude. Un geste banal, mais réconfortant pour le petit Milan atteint de dyskératose congénitale, une maladie très rare.

« C’est toujours un petit baume au cœur pour lui. Ça le rassure. Il faut être parent d’un enfant malade pour comprendre », raconte M. Nardin à La Presse.

Lors de sa dernière visite le 28 décembre, il s’est arrêté devant le rayon des jouets pour enfants qui fait le tiers du petit magasin. « J’ai eu la surprise comme tant d’autres parents de lire un avis avertissant de l’interdiction de vendre des livres et des jouets. »

PHOTO FOURNIE PAR NATHAN NARDIN

Nathan Nardin et son fils Milan

Les magasins non essentiels sont fermés jusqu’au 10 janvier. Les établissements qui demeurent ouverts vendent uniquement des biens essentiels dans un souci de justice envers les petits commerçants québécois, comme l’expliquait le premier ministre François Legault à la mi-décembre. Les commerces de détail jugés essentiels comme les pharmacies et les épiceries peuvent donc continuer d’accueillir des clients, à condition de ne vendre que des produits essentiels à la vie courante. Ainsi, la vente de jouets, vêtements, livres, les appareils électroniques et articles de décoration est restreinte.

Nathan Nardin ne remet pas en question cette politique, dont il comprend le bien-fondé. Il ne blâme ni l’hôpital Sainte-Justine ni la pharmacie Jean Coutu, mais note l’absurdité de la situation.

Un commerce dans un hôpital pour enfants où on ne peut acheter de jouets pour enfants. Il me semble qu’on pourrait faire une exception. On ne peut juger qu’un achat est non essentiel en enlevant le contexte.

Nathan Nardin

Pour procurer un jouet à son fils Milan à temps pour sa prochaine visite, M. Nardin s’est tourné vers Amazon. « C’est bête, car je n’encourage pas Amazon. J’achète rarement là-bas. »

Il conçoit également que les jeux pour enfants ne sont pas des articles essentiels. « Mais quand on est parent d’enfant malade, on comprend ce petit geste. Ça peut devenir essentiel selon le contexte. L’enfant comme le parent y trouvent une solution temporaire pour apaiser la chose. »