Des amis proches du jeune Thomas Trudel, abattu en pleine rue à Montréal le mois dernier, se mobilisent pour réclamer une interdiction des armes de poing au Canada.

Le groupe s’est donné pour nom « Ensemble pour Thomas », en mémoire de l’adolescent de 16 ans tué dans le quartier Saint-Michel alors qu’il quittait un parc pour marcher jusque chez lui.

Personne n’a encore été arrêté dans cette affaire décrite comme un crime gratuit. Le meurtre de Thomas Trudel s’inscrit dans une série d’au moins trois meurtres d’adolescents tués par arme à feu cette année, ce qui a suscité de nombreux appels à un resserrement du contrôle des armes à feu ainsi qu’à des actions pour lutter contre la violence entre les jeunes.

Ensemble pour Thomas a été créé par quatre élèves du secondaire qui se présentent comme des amis proches de la jeune victime. Ils espèrent rassembler la jeunesse pour militer afin de « faire changer les lois sur les armes à feu », d’obtenir « une interdiction fédérale des armes de poing » et de « réduire le trafic illégal ».

Luna Vadlamudy, l’une des fondatrices du mouvement, a déclaré à La Presse Canadienne, mardi, que la première étape de leur démarche était d’écrire une lettre au premier ministre du Québec, François Legault, dans l’espoir que ce dernier puisse clarifier la position de son gouvernement sur l’interdiction des armes de poing et ultimement d’obtenir son appui dans leur demande d’une interdiction complète de ces armes par le gouvernement fédéral.

Le gouvernement libéral fédéral a promis, lors du discours du Trône, le mois dernier, de collaborer avec les provinces qui souhaitent bannir ce type d’armes de leur territoire. Il s’agit d’un changement de cap pour le gouvernement Trudeau qui voulait précédemment léguer cette responsabilité aux municipalités.

Raphaël Laurence a expliqué que le petit cercle d’amis a pris la décision de se mobiliser pour montrer leur soutien envers leur ami disparu. « Suite à son décès, on a décidé que ça ne pouvait pas se reproduire », a confié l’adolescent rencontré à l’extérieur de l’école secondaire Joseph-François-Perrault.

« On ne voulait pas que d’autres personnes vivent ce que l’école, la communauté, le quartier a vécu », a ajouté le jeune Raphaël.

Dans leur lettre adressée au premier ministre Legault, le groupe a salué comme « une bonne chose » les récents investissements du gouvernement caquiste pour lutter contre le trafic illégal d’armes à feu au Québec. Ils ont toutefois dénoncé le fait qu’à leurs yeux Québec et Ottawa « se lancent la balle » au lieu d’agir.

« Nous sommes convaincus, comme bien d’autres, qu’il faut interdire les armes de poing au niveau du pays et pas seulement au Québec, ont-ils écrit. Nous souhaitons que le gouvernement du Québec endosse cette position et la communique au gouvernement du Canada. »

Une autre membre du groupe, Alice Benoit, qu’on n’a surtout pas besoin d’une autre tragédie pour agir. « C’était la goutte de trop et il faut vraiment agir maintenant. Ça ne peut plus arriver à Montréal, au Québec, au Canada. C’est trop. »

Le groupe a déjà rencontré la mairesse de Montréal, Valérie Plante, qui a réclamé une interdiction fédérale des armes de poing et un resserrement des contrôles aux frontières pour contrer la contrebande. Dans la foulée de la mort tragique de Thomas Trudel, Valérie Plante a annoncé son intention de tenir un forum en janvier pour trouver des solutions à la violence par armes à feu dans la métropole.

Tout en reconnaissant qu’une interdiction provinciale peut être une option, la mairesse estime que la mesure la plus cohérente et la plus efficace serait une réglementation fédérale, une vision que partage le mouvement Ensemble pour Thomas.

Émile Tremblay, un autre membre du groupe, souligne le fait que des sondages montrent que sept Canadiens sur dix sont en faveur d’une interdiction pancanadienne des armes de poing. Une mesure qui nécessiterait une modification du Code criminel.

« C’est pour ça qu’on vise grand, parce qu’on mérite tous d’être en sécurité » et pas seulement au Québec, a-t-il souligné.

Le groupe appelle d’ailleurs tous les jeunes qui veulent appuyer leur cause à les rejoindre sur les diverses plateformes de réseaux sociaux.

« C’est vraiment en rassemblant le plus de jeunes qu’on va se faire entendre », souligne Raphaël Laurence.