(Montréal) Avec le gouvernement Legault, « il n’y en a pas de dialogue social ou à peu près pas ». Il a décidé qu’il gouvernerait seul, sans écouter les travailleurs sur le terrain — avec les résultats que ça donne.

Ce diagnostic, c’est le président de la FTQ, Daniel Boyer, qui le pose, en entrevue vendredi avec La Presse Canadienne pour faire son bilan de fin d’année.

Le président de la plus grande centrale syndicale au Québec en veut pour preuve le succès mitigé qu’a connu le programme de versement de 15 000 $ aux infirmières qui reviendraient dans le réseau public à temps plein. Plusieurs conditions y étaient rattachées et celles-ci n’ont jamais été négociées par les syndicats concernés.

Il cite d’autres exemples où des initiatives ont été annoncées sans consulter les représentants des travailleurs, comme les augmentations de salaire décidées unilatéralement et annoncées au beau milieu d’une négociation avec les préposés aux bénéficiaires et les éducatrices en CPE.

« Il y a un problème de dialogue social et de respect des syndicats et des travailleurs et travailleuses », conclut M. Boyer.

« En bout de piste, je peux bien, moi, être frustré en disant que le premier ministre passe par-dessus la tête des syndicats, mais en bout de piste, c’est les travailleurs et les travailleuses qui se font jouer.

« Il me semble que s’il avait établi un dialogue social, avec les sommes d’argent qui ont été dépensées, je pense qu’on aurait trouvé des solutions plus intéressantes encore et qui auraient été plus efficaces. […] Sur le terrain, nos membres ont de bonnes idées. Et ce sont des idées qui proviennent du terrain, donc qui risquent fort de fonctionner », ajoute-t-il.

Vaccinés par solidarité

Par ailleurs, alors que le variant Omicron vient de changer la donne dans bien des milieux de travail, M. Boyer invite les gens à se faire vacciner, par solidarité envers les travailleurs de la santé.

« Il faut se faire vacciner. La solidarité, ça commence justement dans ces moments-là », lance le président de la centrale de plus de 600 000 membres. Il prend soin de rappeler que la FTQ a toujours tenté de convaincre ses membres de se faire vacciner.

« Bravo si on a des troisièmes doses, mais il faut aussi penser à ceux qui n’ont eu aucune dose, ailleurs dans le monde. Si on ne pense pas à ces gens plus démunis-là — c’est vrai au Québec et c’est vrai ailleurs dans le monde… Ça passe par là, la solidarité. Si on ne fait pas ça, on va avoir des variants comme on en a, et on ne viendra jamais à bout de ça », conclut M. Boyer.

Système de santé

M. Boyer s’inquiète pour le système de santé, lui dont les grands syndicats comme le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) et le Syndicat québécois des employés de service (SQEES) représentent des milliers de préposés aux bénéficiaires.

« Notre système de santé a été mis à mal. Ça va de plus en plus croche. Il y en a qui tombent au combat », déplore le président de la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec.

« On manque de main-d’œuvre. Là, on cherche des vaccinateurs. Il faudrait organiser mieux notre réseau de la santé, et pas juste en temps de pandémie. Ça nous frappe aux yeux là, en temps de pandémie, parce qu’on constate qu’il n’y a plus grand-chose qui fonctionne. Mais il y a bien des affaires qui ne fonctionnent pas aussi quand on n’est pas en pandémie, dans notre grand réseau. Et il va falloir y voir, parce qu’on n’y arrivera pas sinon », conclut M. Boyer.