(Québec) Secoué par la médiatisation de plusieurs interventions violentes et des accusations de profilage racial, le Service de police de la Ville de Québec (SPVQ) a annoncé jeudi un vaste chantier pour notamment sensibiliser ses policiers aux « biais inconscients » et améliorer leurs « compétences culturelles ».

« Nous sommes conscients que les évènements des derniers jours peuvent affecter la confiance des citoyens envers le service de police », a dit jeudi le chef du SPVQ, Denis Turcotte.

La crise au SPVQ a commencé avec l’arrestation musclée le 27 novembre de deux adolescents noirs. Depuis, plusieurs commentateurs ont rappelé que le service de police de la deuxième ville au Québec ne comptait aucun policier noir.

Mais le SPVQ a un plan. Le chef l’a présenté jeudi au côté de Florence Harris, experte-conseil en diversité, équité et inclusion à la Ville de Québec.

« La démarche, c’est d’outiller nos policiers pour être capable de faire face au nouveau visage de Québec et à la diversité qui existe », a dit Mme Harris.

Les policiers de Québec suivront donc des formations sur les biais inconscients, qui peuvent mener au profilage racial.

« Des biais inconscients, on en a tous. Notre cerveau fait des raccourcis pour comprendre le monde. Il faut être conscient qu’on en a pour travailler à les réduire ou les éliminer », note Mme Harris.

Les compétences culturelles des quelque 800 policiers seront aussi améliorées. Elle cite l’exemple d’un policier qui interviendrait chez un citoyen d’origine mexicaine.

« Au Mexique, la police est très corrompue alors les citoyens ont peur de la police et n’iront pas vers la police. Tu déménages ici à Québec avec ces idées-là, et tu es craintif d’ouvrir la porte à un policier », a imagé Mme Harris.

Le SPVQ a aussi sollicité un professeur de l’Université Laval pour passer en revue ses façons de faire. Kamel Beji devra notamment déterminer s’il existe de la « discrimination systémique » au sein du service, « dans la manière de recruter, de travailler et de donner des services aux citoyens ».

Un policier noir en 2022 ?

Ces mesures ne sont pas le résultat direct de la crise qui secoue le SPVQ, assure son directeur. Elles ont simplement été accélérées.

Le SPVQ a d’ailleurs mis en place un programme pour recruter des policiers des minorités visibles. Trois candidats issus des minorités visibles et qui ont complété leur technique policière ont entamé le processus d’embauche.

« Avec ce qu’on a mis en place depuis l’hiver et le printemps, on souhaite en avoir dès 2022. Les gens sont ciblés, ont un programme qu’on a mis en place, mais ils doivent quand même réussir toutes les étapes du processus d’embauche », a dit le chef Turcotte.

L’annonce de jeudi concerne aussi les interventions musclées qui ont été médiatisées dans les dernières semaines. Le SPVQ a demandé à l’École nationale de police de lui recommander un expert en emploi de la force pour participer à ses enquêtes internes.

Denis Turcotte espère ainsi qu’un œil externe assurera un caractère objectif à ces enquêtes qui doivent déterminer si des mesures disciplinaires seront prises envers cinq policiers suspendus avec salaire.

Rappelons que le Commissaire à la déontologie policière enquête également sur des arrestations musclées survenues à Québec, tout comme le Bureau des enquêtes indépendantes.

Le SPVQ, finalement, veut revoir « le mandat, la composition et les pratiques » de l’unité GRIPP. Cette escouade, qui patrouille dans les bars et les restaurants, est au cœur de plusieurs interventions contestées.