(Québec) Le projet de tramway de Régis Labeaume reste sur les rails à Québec. Le nouveau maire de Québec accélère la cadence et y injectera près de 300 millions dès 2022, même s’il a exprimé des réserves et dit vouloir à tout prix éviter les « erreurs d’Ottawa ».

« On a dit qu’on croyait au tramway et on travaille très fort pour faire en sorte que ce tramway arrive dans les délais avec les améliorations qu’on a proposées », a déclaré Bruno Marchand mardi au moment de dévoiler son premier budget.

Le maire a présenté un budget dans la continuité, avec une hausse de taxes de 2,2 % conforme à l’inflation et une baisse de la dette de 10 millions.

La Ville entend dépenser 284 millions pour le tramway en 2022, afin de notamment préparer les rues à accueillir les rails. Depuis l’annonce du projet en 2018, 226 millions y ont été consacrés.

C’est donc dire que, d’ici la fin de l’année prochaine, un demi-milliard aura été injecté dans cet important projet de transport en commun évalué à 3,3 milliards. La Ville le présente comme l’investissement le plus important de son histoire.

Ratés du train léger d’Ottawa

Mais même si les millions pleuvent, le nouveau maire ne cache pas ses inquiétudes devant les ratés du train léger d’Ottawa, marqué depuis son lancement en 2019 par les irrégularités.

« La situation à Ottawa n’est pas bonne. Une commission d’enquête a été déclenchée », a lancé le maire lundi soir au conseil municipal. « On est obligés d’apprendre de ce qui se sait déjà et de ce que la commission d’enquête va nous apprendre. »

Bruno Marchand s’était engagé en campagne électorale à réaliser le projet lancé par Régis Labeaume. Mais il n’avait pas manqué de critiquer l’administration sortante sur sa manière de communiquer avec la population, et avait dénoncé la coupe de quelque 600 arbres sur le tracé.

Le maire a promis de faire le point avec la population lors de la deuxième semaine de janvier. « On vise à livrer un tramway pour 2028. »

Frais abolis dans les bibliothèques

La nouvelle administration portée au pouvoir au début de novembre n’avait que quelques semaines pour peaufiner le budget. Elle a toutefois pu inclure quelques mesures de son cru.

Bruno Marchand avait promis lors de la campagne d’abolir les frais de retard pour les livres empruntés à la bibliothèque. Ils seront abolis, et ce, de manière rétroactive. « Les frais de retard sont un problème pour les clientèles plus démunies. Ça éloigne les gens des bibliothèques », a expliqué le maire.

Québec se joint ainsi à autres villes qui les ont supprimés, note le maire, selon qui ces expériences sont globalement positives.

« Il ne faut pas que les gens pensent que les bibliothèques deviennent des bars ouverts où tu prends le livre, mais ne le ramène jamais, dit-il. Tu ne peux pas emprunter 100 livres sans jamais les ramener. Tu es obligé de ramener tes livres avant d’en emprunter d’autres. »

Crédit de taxes « pandémique »

L’administration Marchand a aussi prévu un crédit de taxes de 10 % pour les propriétaires d’immeubles qui accueillent des restaurants, des hôtels ou des commerces de détail.

Cette mesure « pandémique » touchera près de 1200 propriétaires. Le crédit ne pourra dépasser 5000 $ par immeuble.

Minoritaire, l’administration Marchand aura besoin du soutien d’élus de l’opposition pour adopter le budget.

Le chef de l’opposition officielle s’est dit « globalement satisfait ». Mais Claude Villeneuve n’a pas voulu s’engager à voter en faveur du budget. « Ça dépendra des réponses qu’on a à nos questions. »