Une vingtaine de manifestants se sont rassemblés devant le bureau du premier ministre François Legault, à Montréal, pour réclamer la régularisation du statut de tous les travailleurs sans-papiers de la province. Une initiative, qui permettrait de remédier à la pénurie de main-d’œuvre au Québec, estime le groupe Solidarité sans frontières.

« Un statut pour tous », ou « tout le monde est essentiel » scandaient les manifestants à l’angle de la rue Sherbrooke Ouest et de l’avenue McGill College.

« On propose de régulariser tous ces gens afin de pouvoir répondre aux besoins de main-d’œuvre [du Québec] », a affirmé à La Presse Bouba Kane, porte-parole de Solidarité sans frontières. « Ces immigrants, en majorité, ils travaillent au noir [et] ils se font exploiter par des compagnies, et l’État ne dit rien », a-t-il renchéri.

M. Kane évoque que les travailleurs sans-papiers œuvrent déjà en sol québécois, et qu’un statut de résident permanent ou de travailleur leur permettrait de travailler dans de meilleures conditions. Solidarité sans frontière dénonce aussi les déportations des travailleurs au statut précaire, pendant que le gouvernement provincial recrute des professionnels à l’étranger.

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« On veut travailler déclarés comme tout le monde », affirme Ferid, un travailleur sans statut qui a préféré taire son nom de famille. « Ça fait neuf ans que je travaille dans la même entreprise, et mon salaire, il ne ressemble pas à celui d’une personne déclarée. Malgré qu’on fasse les mêmes tâches, je suis payée moins », ajoute-t-il, en qualifiant la situation des travailleurs sans-papiers « d’injuste » et de « discriminatoire ».

Fofana Haamed travaille dans un centre de dépistage de la COVID-19. Il a déjà œuvré pour la Croix-Rouge, et dans un CHSLD. Malgré tout, il craint que son statut de réfugié ne soit pas renouvelé pour un statut de résidence permanente en février 2022.

« Je paie mes impôts, je paie mes taxes. Je ne sais pas pourquoi on ne veut pas me régulariser », a ajouté l’homme qui réside au Québec depuis trois ans. M. Haamed déplore également ne pas avoir reçu la résidence permanente, malgré le programme du gouvernement canadien qui permettait à certains travailleurs ayant œuvré dans le réseau de la santé durant la pandémie de faire une demande pour obtenir ce statut.