(Québec) Il aura beau coûter près de 10 milliards de dollars et être le plus long tunnel autoroutier en Amérique du Nord, la construction du troisième lien sera « carboneutre », a laissé entendre François Bonnardel mardi.

Le ministre des Transports a publié un long message sur Facebook pour défendre son projet de tunnel, 15 jours après une sortie en règle de Régis Labeaume, qui a remis en question la nécessité de l’ouvrage dans une longue lettre.

« La construction du tunnel sera elle-même carboneutre. Je sais que ces faits ne conviennent pas à certains opposants au tunnel, qui se plaisent à tort d’en faire un symbole d’augmentation des gaz à effet de serre, mais les faits sont les faits », a écrit M. Bonnardel dans sa missive.

Ce serait la première fois que le gouvernement de François Legault affirme que son tunnel de 8,1 km et quatre voies sera carboneutre. La carboneutralité est un concept qui implique que le bilan de l’ouvrage sera neutre en matière de gaz à effet de serre.

« Voitures zéro émission »

Comment le gouvernement entend-il compenser les émissions produites lors de la construction du tunnel ? En plantant des arbres ? En achetant des crédits carbone ? Le cabinet du ministre a confirmé qu’il s’agirait de compenser les émissions, mais n’a pas fourni davantage de détails mardi.

« Pendant pratiquement toute la durée de vie utile du tunnel, il n’y aura que des voitures zéro émission qui y rouleront », ajoute M. Bonnardel, en référence aux voitures électriques.

« Très rapidement après sa mise en service, il ne sera plus possible d’acheter un véhicule à essence au Québec, écrit-il. Entre 2035 et 2045, le Québec devrait assister à la conversion de l’essentiel de son parc automobile. »

Les voitures électriques produisent moins de gaz à effet de serre que les voitures à essence. Mais elles en produisent beaucoup lors de leur construction.

Une étude dévoilée récemment par Volvo laissait entendre qu’un véhicule électrique alimenté à l’énergie renouvelable émettait la moitié moins de gaz à effet de serre dans sa vie utile qu’un véhicule à essence. Ses émissions sont toutefois bien réelles lorsqu’on tient compte de sa fabrication.

La députée solidaire de Taschereau a qualifié de « complètement farfelue » l’idée que le troisième lien soit carboneutre. « Voyons donc, est-ce qu’ils nous prennent vraiment pour des valises ? », s’est demandé Catherine Dorion dans une déclaration transmise aux médias.

« De plus en plus infernal »

Dans une lettre publiée sur Facebook le 12 novembre, le maire sortant de Québec invitait François Legault à changer d’idée sur le tunnel Québec-Lévis.

Selon Régis Labeaume, le tunnel n’est pas situé à l’endroit optimal, fera gagner peu de temps aux automobilistes et la population active de la Rive-Sud est appelée à stagner, sinon à décroître.

M. Labeaume invitait Québec à réfléchir à des moyens moins coûteux de réduire la congestion sur les ponts, comme une gestion dynamique des voies aux heures de pointe sur le pont Pierre-Laporte.

Mais le ministre des Transports estime que l’heure n’est pas aux demi-mesures. Les périodes de pointe sur les ponts sont passées d’une durée de deux heures en 1997 à trois heures en 2017, écrit François Bonnardel.

Les ponts de Québec et Pierre-Laporte sont, à l’heure de pointe, « pratiquement au maximum de leur capacité ».

« Si la tendance se maintient, l’heure de pointe deviendra de plus en plus infernale sur les ponts, puisque le parc automobile sur le territoire de la Communauté métropolitaine de Québec devrait passer de 546 019 à 633 678 véhicules au cours des 10 prochaines années », écrit-il.

Si M. Bonnardel promet un tunnel carboneutre, il se dit toutefois conscient qu’il pourrait engendrer, sans encadrement, de l’étalement urbain.

« Ces enjeux peuvent être solutionnés. À cet effet, le gouvernement va s’assurer, de pair avec les villes concernées, que le futur développement économique qu’engendrera le tunnel soit soutenu dans une perspective durable et de protection du territoire agricole. »