Durement frappée par des pluies diluviennes qui ont provoqué des inondations historiques, une partie de la vallée du Fraser, en Colombie-Britannique, devra maintenant faire face à une tempête de neige. De nouvelles précipitations qui risquent de compliquer le travail des équipes déployées sur le terrain pour réparer d’urgence routes et infrastructures.

De la neige et à nouveau de la pluie

Une importante bordée de neige a touché la vallée du Fraser lundi et devrait se poursuivre mardi, alors qu’on attendait de 25 à 30 cm de précipitations pour le secteur de la route de Coquihalla, entre les villes de Hope et de Merritt. Plus au sud, Abbotsford, ville la plus touchée par la catastrophe, pourra souffler encore un peu : de 2 à 4 mm de pluie sont prévus ce mardi. La situation risque d’empirer à compter de jeudi, alors qu’Environnement Canada prévoit une autre rivière atmosphérique dans le sud de la Colombie-Britannique. Ce phénomène météo bien connu dans l’Ouest transporte d’importantes quantités de vapeur d’eau qui se transforment en pluies diluviennes. De 40 à 60 mm de pluie pourraient tomber sur la vallée du Fraser jeudi, et même jusqu’à 100 mm, signale Armel Castellan, météorologue à Environnement Canada.

« On croise les doigts »

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Les travaux de réparation de la digue à Abbotsford ont bien progressé en fin de semaine.

En conférence de presse, lundi, le maire d’Abbotsford, Henry Braun, a évoqué des progrès substantiels dans les travaux de réparation de la digue qui retient les eaux. Mais il reconnaît « croiser les doigts » pour les prochains jours. « Si nous recevons 100 mm de pluie en 24 heures, ça va être problématique », convient-il. Si elle fondait rapidement, la neige tombée plus au nord mardi pourrait aussi ajouter d’importantes quantités d’eau qui se déverseraient dans la vallée du Fraser. Après avoir visité les installations d’une des stations de pompage de la ville d’Abbotsford, le maire Braun a d’ailleurs reconnu que la situation aurait pu être beaucoup plus critique. « J’ai compris à quel point nous étions passés très proches d’une catastrophe bien pire. Nous sommes passés très proches de perdre cette infrastructure essentielle. » Henry Braun a prolongé l’état d’urgence d’une semaine.

Air Canada hausse sa capacité de fret

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Deux membres des équipes de secours constatent les dégâts sur une voie ferrée d’Abbotsford.

Air Canada a indiqué lundi avoir augmenté sa capacité de fret après les inondations qui ont coupé les principaux liens d’approvisionnement vers le sud de la Colombie-Britannique. Le transporteur aérien dit que sa capacité supplémentaire équivaut en poids à approximativement 860 orignaux adultes. Le port de Vancouver, lui, fonctionne toujours au ralenti le temps que les compagnies ferroviaires CN et CP achèvent des réparations sur des voies ferrées endommagées par les inondations et les glissements de terrain de la semaine dernière. Dans la vallée du Fraser, de nombreuses routes demeurent complètement ou partiellement fermées. Mais les directives de la province interdisant les déplacements non essentiels dans la région sont toujours en vigueur. Depuis vendredi, l’essence est rationnée dans le sud de la Colombie-Britannique. Une limite de 30 litres imposée à chaque visite dans une station-service a été annoncée par le ministre provincial de la Sécurité publique, Mike Farnworth.

Trop tôt pour calculer les répercussions financières

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À Abbotsford, plusieurs routes sont encore impraticables.

Selon la ministre des Finances de la Colombie-Britannique, Selina Robinson, il est encore trop tôt pour déterminer l’incidence des inondations sur les finances de la province. Elle a néanmoins reconnu que la facture serait « très élevée ». Son homologue fédérale, Chrystia Freeland, a indiqué qu’Ottawa contribuerait aux efforts de reconstruction à venir. Un leader des Premières Nations a par ailleurs reproché au gouvernement de la Colombie-Britannique de ne pas avoir prévenu la population vivant dans les zones à risque des dangers des pluies torrentielles survenues il y a une semaine. Selon Terry Teegee, la province aurait pu agir plus rapidement après le dôme de chaleur qui a frappé la région au cours de l’été. « Cette année seulement, on s’attend à ce que tout le monde soit prêt. Les communautés des Premières Nations sont déjà hypothéquées, avant même un incendie de forêt, avant même une inondation. »

Des milliers d’animaux morts

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Ferme inondée, à Abbotsford

La ministre de l’Agriculture de la Colombie-Britannique, Lana Popham, a déclaré lundi que des milliers d’animaux avaient péri dans les inondations et que les autorités se préparaient sur la façon de se débarrasser des carcasses. De nombreux animaux devront aussi être euthanasiés. Le niveau d’eau est toujours trop élevé cependant pour commencer une telle opération, a précisé la ministre. La région est l’une des plus importantes en Colombie-Britannique pour les productions laitière et aviaire. On y retrouve aussi 80 % de la production d’œufs de la province.

Avec La Presse Canadienne