La Colombie-Britannique profite d’une courte accalmie côté météo pour mesurer toute l’ampleur des inondations qui ont frappé le sud de la province. Une catastrophe qui pourrait coûter des centaines de millions de dollars, estime d’ailleurs le maire d’Abbotsford, l’une des villes touchées par la tragédie. Et la situation pourrait empirer alors qu’on attend encore de la pluie dans les prochains jours.

« On ne sait pas combien de temps tout ça va durer »

PHOTO FOURNIE PAR TRACEE FROMENT

L’hôtel Clarion à Abbotsford a été inondé.

À Abbotsford, ville de 162 000 habitants située à 70 km à l’est de Vancouver, 600 personnes ont été forcées de quitter leur maison en raison des inondations. L’Université de la vallée du Fraser a annulé tous ses cours jusqu’à la fin de la semaine. Au moins trois écoles primaires sont fermées et plusieurs autres établissements assurent temporairement l’enseignement à distance. Plusieurs commerces ont temporairement fermé leurs portes. C’est le cas notamment du Clarion Hotel, où Tracee Froment travaille comme préposée aux chambres. « À la maison, ça va, mais au travail, le hall de l’hôtel est complètement inondé. J’attends donc de savoir ce qui va arriver », a-t-elle confié à La Presse. Dans les magasins, les épiceries, « la plupart des gens agissent normalement, mais certains paniquent et achètent tout ce qu’ils peuvent trouver », ajoute la mère de famille, qui dit ressentir une certaine anxiété. « On ne sait pas combien de temps tout ça va durer. »

L’armée arrive

Des militaires ont été déployés jeudi, sur terre et dans les airs, dans la région. Des soldats de l’Aviation royale ont secouru plus de 300 automobilistes et près de 30 animaux de compagnie à l’aide de trois hélicoptères. Soixante-dix soldats sont en route pour Abbotsford et jusqu’à 350 pourraient être déployés rapidement. La ministre de la Défense nationale, Anita Anand, a précisé que « des milliers d’autres » étaient prêts à intervenir en cas de besoin. L’armée a d’ailleurs survolé toute la région pour tenter d’évaluer l’étendue des dégâts. Selon le maire d’Abbotsford, Henry Braun, les coûts de la catastrophe pourraient totaliser des centaines de millions de dollars. « Lorsqu’on se met à faire des calculs, on monte rapidement jusqu’à 1 milliard, à mon avis. »

Une région agricole

Les inondations pourraient également avoir des effets à plus long terme, puisque la vallée du Fraser est la principale productrice d’œufs et de poulet en Colombie-Britannique. La moitié de la production laitière de la province s’y trouve. C’est aussi la deuxième région en importance pour la production de légumes. S’il est difficile pour l’instant d’évaluer les pertes subies, même les producteurs laitiers qui n’ont pas été inondés ont été affectés. Beaucoup ont dû carrément jeter du lait puisque de nombreuses routes ont été fermées : il était impossible pour les camions d’aller récupérer le lait pour le transporter à l’usine de pasteurisation. « Nous sommes en plein milieu d’une crise et nous cherchons à combler les besoins immédiats – abris, nourriture et fournitures – des personnes évacuées, des agriculteurs et des entreprises », a affirmé la présidente de la Chambre de commerce d’Abbotsford, Katerina Anastasiadis, à La Presse.

« Abandonnez vos animaux »

PHOTO FOURNIE PAR SABRINA RATZLAFF

Un agriculteur a réussi à faire monter l’une de ses vaches dans son embarcation.

Au moins 63 producteurs laitiers ont reçu l’ordre d’évacuer leur ferme dans la région, selon l’Association laitière de Colombie-Britannique. Plus tôt cette semaine, le maire d’Abbotsford avait imploré les fermiers d’abandonner leurs animaux et de quitter leur ferme. « Je sais qu’il est difficile pour les agriculteurs de laisser derrière leur bétail, mais la vie des gens est plus importante pour moi que du bétail ou du poulet. » Sur les réseaux sociaux, on a pu voir cependant des images de fermiers tentant de sauver leurs vaches laitières de la montée des eaux. « De nombreuses personnes sont allées chercher leurs veaux ou leurs vaches avec de petites embarcations, signale Sabrina Ratzlaff. Un de mes amis a été pris en photo avec l’une de ses vaches dans sa chaloupe. Ça s’est retrouvé partout sur les réseaux sociaux. » Mme Ratzlaff, qui vit à Abbotsford, mais qui n’a pas été inondée, avoue que tout cela est « assez dévastateur ». « Je pense que pour la plupart, nous sommes tristes et atterrés de voir tout ce qu’il faudra affronter pour reconstruire, mais aussi pour les milliers d’animaux perdus. Tout le monde se connaît ici. »

La partie n’est pas gagnée

PHOTO PHILIP MCLACHLAN, AGENCE FRANCE-PRESSE

Voiture abandonnée sur une route inondée à Abbotsford, jeudi

En conférence de presse, jeudi, Henry Braun a prévenu que sa ville était « loin d’être sortie de cette situation ». « Je ne suis pas inquiet à propos de la pluie d’aujourd’hui. Ce qui m’inquiète, c’est la semaine prochaine. On attend entre 80 et 100 mm de précipitations. » Selon lui, il faudrait aussi entreprendre des travaux le plus rapidement possible avant que l’hiver ne s’installe. De leur côté, les autorités du port de Vancouver, le plus important au Canada, ont indiqué que les inondations avaient causé des perturbations « importantes » du trafic ferroviaire et routier, ce qui ralentissait ses activités.

Avec La Presse Canadienne

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Jeudi, les autorités étaient toujours à la recherche de quatre personnes portées disparues dans la région de Pemberton.

Source : Agence France-Presse