Le premier ministre de la Colombie-Britannique, John Horgan, a déclaré l’état d’urgence, mercredi, à la suite des inondations et des coulées de boue qui ont causé des ravages dans le sud de la province. Coincé à une centaine de kilomètres de Vancouver, un résidant a finalement réussi à retourner chez lui.

À son retour d’un tournoi de hockey à Kelowna, dimanche dernier, Pascal Bouchard a réussi à atteindre la ville de Hope, à environ 150 km de chez lui, à Vancouver. Vu l’état des routes – submergées ou bloquées par les éboulements –, impossible pour lui de poursuivre son chemin en voiture. Sa seule option était de prendre un bateau. « On vient juste d’arriver, raconte M. Bouchard, joint au téléphone mercredi. On a fait une heure et demie dans un petit bateau de pêcheur sur le fleuve Fraser. » Arrivés à la localité d’Harrison Mills, l’équipe qu’il accompagnait et lui ont été ramenés en voiture à la maison par des proches.

Le premier ministre Horgan a déclaré l’état d’urgence afin d’assurer le transport rapide des biens essentiels et des équipements médicaux vers les communautés de la province, ainsi que pour permettre aux véhicules d’urgence de circuler. La catastrophe a fait une victime pour le moment, a confirmé la Gendarmerie royale du Canada.

En raison du peu de moyens d’évacuation, M. Bouchard estime que près de 1000 personnes sont toujours coincées à Hope, ville à l’intersection de plusieurs routes.

Il n’y avait pas d’électricité et il pleuvait. Tout était fermé et il n’y avait pas de motels. Beaucoup de gens arrivaient de toutes les directions.

Pascal Bouchard, au sujet de son passage à Hope

Des résidants ont hébergé certaines familles avec des enfants en bas âge, mais la plupart des voyageurs ont dû dormir dans leurs voitures, faute de place.

« Les gens ont été extraordinaires », indique M. Bouchard. Lundi matin, une école de Hope a décidé d’ouvrir ses portes pour accueillir les visiteurs incapables de retourner chez eux. « Une pizzeria locale a préparé autant de pizzas qu’elle le pouvait avec une génératrice », relate-t-il.

Avec l’état des routes, Pascal Bouchard souligne la difficulté d’approvisionner les villes. « Quand on est partis [de Hope], il commençait déjà à manquer de produits à l’épicerie », souligne-t-il. « Heureusement qu’on a fait ça, je crois que les routes vont être fermées pour un bon bout de temps », avance-t-il.

PHOTO TIRÉE DU COMPTE TWITTER @TRANBC

Ce pont de la route 5 entre Hope et Merrit s’est effondré. Aucun détour n’est proposé ou possible.

Selon Pascal Bouchard, ce sont les communautés britanno-colombiennes qui « ont comblé le vide » jusqu’à maintenant. « Là, il va falloir que le gouvernement fasse des choses », souffle-t-il.

L’armée en renfort

Les Forces armées canadiennes ont été appelées en renfort, ont confirmé le ministre de la Sécurité publique, Bill Blair, et la ministre de la Défense, Anita Anand. Des militaires devaient se rendre rapidement sur place pour accélérer l’évacuation.

De son côté, le premier ministre Justin Trudeau a assuré qu’il communiquait avec les autorités de la province afin d’apporter son aide, notamment pour maintenir la chaîne d’approvisionnement, alors que le système autoroutier a été gravement endommagé.

M. Trudeau a fait le point sur la situation lors d’un bref point de presse mercredi à Washington, où il se trouve dans le cadre de la rencontre des dirigeants nord-américains.

« Il y a présentement des centaines de membres des Forces armées canadiennes en route pour la Colombie-Britannique pour aider avec tout ce qui est nécessaire. On va continuer à être là pour aider les gens », a-t-il affirmé. Ce qui se passe dans la province « nous inquiète tous terriblement », a-t-il ajouté.

Évacuations à Abbotsford

Tard mardi, les résidants d’un secteur bas de la ville d’Abbotsford, Sumas Prairie, ont été informés qu’ils devaient évacuer les lieux immédiatement en raison d’un risque important pour leur vie.

Dans la nuit de mardi à mercredi, la station de pompage – qui empêche les eaux du fleuve Fraser d’engloutir la majorité des maisons du secteur – menaçait de cesser de fonctionner. Des sacs de sable ont été empilés autour de la station durant la nuit.

Depuis la fin de la tempête, le niveau du fleuve a baissé de 2 mètres, mais doit encore diminuer de 1 mètre pour que les barrages puissent être ouverts et permettre à l’eau de sortir plus rapidement.

Entre mardi soir et mercredi, près de 180 opérations de sauvetage auprès de résidants pris au piège ont été réussies, a indiqué le service d’incendie. Mercredi matin, 80 personnes étaient toutefois toujours en attente des secours. Personne n’a été porté disparu, a assuré le chef de police d’Abbotsford.

Avec La Presse Canadienne et Mélanie Marquis, La Presse