Pour prendre l’avion, le train ou un navire, les voyageurs au Canada doivent désormais montrer qu’ils sont pleinement vaccinés. Une mesure accueillie avec indifférence par certains, mais avec scepticisme par ceux qui n’ont pas reçu leurs deux doses.

Embrassades, séparations déchirantes, bagages empilés sur les chariots, longues files d’attente : une ambiance frénétique règne dans la section des départs nationaux et internationaux de l’aéroport international montréalais samedi après-midi.

La vaccination complète contre la COVID-19 est désormais obligatoire au Canada pour tous les voyageurs de 12 ans et plus qui montent à bord des avions, des trains et des navires. Les voyageurs devront montrer une preuve qu’ils ont reçu deux doses de vaccins contre la COVID-19 approuvés par Santé Canada au plus tard 14 jours avant leur départ. Les travailleurs de ce secteur doivent aussi être obligatoirement vaccinés. En d’autres mots, un passeport vaccinal est maintenant nécessaire pour voyager.

Pour Adil Ijaz et Salma Rzik, qui retournent à Edmonton après une visite à Montréal, cette mesure semble illogique. « Surtout quand on reste à l’intérieur du pays, explique Salma Rzik. Dans les autres pays, où on ne connaît pas la transmission, je comprends. Mais ici, un test PCR, ça aurait été suffisant », croit-elle.

PHOTO PASCAL RATTHÉ, COLLABORATION SPÉCIALE

Adil Ijaz et Salma Rzik

Le couple n’a pas de passeport vaccinal. Il bénéficie de la période de grâce d’un mois accordée par le gouvernement fédéral. En effet, il est encore possible pour les passagers non vaccinés de fournir un test de dépistage négatif jusqu’au 29 novembre.

Rappelons que cette réglementation s’applique au secteur du transport qui est sous réglementation fédérale. Elle touche les trains VIA Rail et Rocky Mountaineer, tous les aéroports canadiens et les navires à passagers qui effectuent des activités non essentielles et des voyages de plus 24 heures et plus – comme les navires de croisière. Le transport routier, incluant en autobus, est donc exclu de ces mesures.

Des réactions qui divergent

Certains voyageurs déjà vaccinés ont expliqué à La Presse que cette mesure ne changeait rien pour eux. « Ce n’est pas grave, c’est correct », a affirmé Holliness Buselengete, en route vers la ville de Québec avec son fils Israel.

PHOTO PASCAL RATTHÉ, COLLABORATION SPÉCIALE

Holliness Buselengete ne voit pas de problème au passeport vaccinal pour voyager.

Karyna et Mark Bardei, deux Montréalais d’origine ukrainienne, ne voient pas non plus de problème avec cette nouvelle politique. « Pour nous, ce n’est pas un gros enjeu. On s’est fait vacciner parce qu’on voulait revenir à une vie normale », raconte Karyna Bardei. « C’est dur de dire si c’est une bonne chose ou une mauvaise chose », estime toutefois Mark Bardei, qui est entraîneur de patinage artistique. Il pense à certains de ses amis, non vaccinés, qui devront maintenant revenir des États-Unis en conduisant une voiture, plutôt que de prendre l’avion.

PHOTO PASCAL RATTHÉ, COLLABORATION SPÉCIALE

Karyna et Mark Bardei se préparent à aller visiter Vancouver.

Pour Anis Kafidi, qui s’envolait samedi vers l’Allemagne, toutes les mesures en lien avec la vaccination sont compliquées et l’organisation de son voyage a été un casse-tête. « Le passeport vaccinal, on n’a plus vraiment le choix, observe-t-il. Si on l’a, on est libre, si on ne l’a pas, on ne peut plus faire grand-chose. » Pour le jeune homme, la vaccination devrait être une question personnelle. « Nous, [les personnes vaccinées], on peut encore la transmettre [la COVID-19]. Donc les gens qui n’ont pas le passeport vaccinal, ils mettent surtout leur vie en jeu », croit-il.

PHOTO PASCAL RATTHÉ, COLLABORATION SPÉCIALE

Anis Kafidi

Sursis vaccinal

Un sursis est également accordé aux citoyens étrangers qui pourront jusqu’au 28 février prochain prendre l’avion afin de quitter le Canada, même s’ils ne sont pas vaccinés. Ces voyageurs devront cependant présenter un test moléculaire négatif de dépistage de la COVID-19 avant de pouvoir monter dans l’avion. Pour bénéficier de cette exception à la règle, ils devront aussi être entrés au Canada avant le 30 octobre.

À compter du 30 novembre, toute personne qui prendra un train, un avion ou un bateau de croisière au Canada devra prouver qu’elle est vaccinée contre la COVID-19. Des amendes de 5000 $ par infraction pourraient être imposées, en vertu de la Loi sur l’aéronautique.

Pour Marguerite Hébert, une Américaine qui vient d’arriver de Floride avec sa famille, une chose est sûre, les mesures ont le mérite d’être claires. « On est très impressionnés par le contrôle de la COVID-19 à l’aéroport ! », souligne-t-elle.

Avec La Presse Canadienne