Une députée fédérale du gouvernement Trudeau annoncera vendredi son intention de soutenir l’aménagement d’une promenade protégeant les berges de la rivière des Prairies, sur un terrain à Ahuntsic où Hydro-Québec veut plutôt enrocher de façon massive, a appris La Presse.

« On parle d’un beau projet développé par des citoyens eux-mêmes qui va avoir un impact positif sur l’environnement. Ma seule question, c’est : pourquoi ne pas les soutenir ? », lance la députée d’Ahuntsic-Cartierville et ministre sortante du Développement économique, Mélanie Joly, en entrevue téléphonique.

Elle fait ainsi référence au projet de la Promenade-du-Sault, mis de l’avant par des résidants, qui consisterait à construire une promenade universellement accessible sur les berges de la rivière des Prairies.

Mais Hydro-Québec a d’autres objectifs. La société d’État entend plutôt remplacer le mur riverain de ciment de 1,3 km – presque centenaire – par une longue digue faite de roches de grande taille. Trois petits tronçons ont déjà été réalisés d’urgence en 2019, mais le reste est pour l’instant mis sur pause. Le regroupement citoyen, lui, affirme que cela ne convient pas à un milieu urbain comme Ahuntsic.

« On doit procéder »

Le porte-parole d’Hydro-Québec, Maxence Huard-Lefebvre, rappelle que « la centrale de la rivière des Prairies nécessite certains ouvrages sur le barrage Simon-Sicard, dont les digues et les murs de soutènement qui ont 90 ans ». « Ce vieillissement des infrastructures fait en sorte qu’on doit procéder avec les travaux. Elles sont assujetties à Loi sur la sécurité des barrages », fait-il valoir.

Quant au projet de promenade, le relationniste renvoie la balle aux autorités. « On ne pense pas avoir la légitimité de se positionner. Il y a des gens qui sont favorables, d’autres qui nous disent avoir des inquiétudes. C’est vraiment une décision qui relève du politique », fait-il valoir, en réitérant que son groupe demeure « ouvert » au dialogue.

Pour Mélanie Joly, il est clair que le projet d’Hydro-Québec n’obtient pas « l’acceptabilité sociale », d’autant que l’enrochement « a un impact sur la création d’îlots de chaleur ». « C’est essentiel qu’on protège et qu’on verdisse nos berges, parce qu’il faut assurer la qualité de vie des gens sur place », martèle-t-elle, en s’engageant à « pousser un peu plus la note » dans ce dossier.

PHOTO YAN DOUBLET, ARCHIVES LE SOLEIL

Mélanie Joly, députée d’Ahuntsic-Cartierville

C’est sûr qu’il y a un compromis possible. Il en va aussi de la responsabilité sociale d’Hydro-Québec de mettre sur pied cette promenade-là.

Mélanie Joly, députée d’Ahuntsic-Cartierville

M. Huard-Lefebvre assure que les consultations qui ont eu lieu dans les derniers mois ont permis de dégager des consensus. « On est très sensibles, par exemple, à la hauteur du mur qui est projetée. On travaille à voir ce qu’on peut faire pour abaisser le mur et satisfaire les populations locales, tout en conservant les caractéristiques techniques requises », soutient-il.

Montréal veut une étude du BAPE

Appelée à réagir, l’administration Plante a indiqué qu’elle se réjouissait de l’appui exprimé par Mme Joly au projet de la Promenade-du-Sault, en rappelant que la candidate à la mairie d’Ahuntsic-Cartierville, Émilie Thuillier, s’était d’ailleurs elle-même engagée à concrétiser le projet des citoyens au début octobre.

« Nous sommes préoccupés des impacts négatifs qu’un éventuel enrochement dans ce secteur pourrait avoir sur la berge et sur le projet de promenade riveraine. C’est un enjeu dont notre équipe discute avec Hydro-Québec depuis plus de deux ans et qui devra être soumis au Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) », affirme l’attachée de presse, Marikym Gaudreault.

Dans les rangs de Denis Coderre, l’aspirante-conseillère du district de Sault-au-Récollet, Gaetana Colella, affirme que son parti « soutient entièrement le comité citoyen Promenade-du-Sault ».

« Les plans pour le mur de soutènement du barrage Simon-Simard sont inconciliables avec notre vision de la protection de l’environnement, en plus de ne pas garantir un accès public aux paysages. Nous sommes également d’avis qu’Hydro-Québec n’a pas su être à l’écoute de la population d’Ahuntsic-Cartierville dans ce dossier », fustige-t-elle.