Ce ne sont pas seulement les infrastructures qu’il faut réparer après une catastrophe naturelle : les personnes aussi. Dans la foulée d’évènements comme les inondations à Sainte-Marthe-sur-le-Lac au printemps 2019 et face aux impacts annoncés du réchauffement climatique, les travailleurs sociaux du Québec doivent être préparés, estime le président de leur ordre professionnel.

La rupture de la digue de 2019 a laissé ses marques à Sainte-Marthe-sur-le-Lac, et pas seulement sur les maisons. Dépressions, difficultés conjugales, tentatives de suicide : les citoyens avec qui La Presse s’est entretenue vivaient encore, à divers degrés, les conséquences de l’évènement.

« C’est une cassure qui va être là pour longtemps », craint François Robillard, candidat à la mairie.

Les perturbations climatiques risquent d’entraîner une augmentation des désastres dans les prochaines décennies. Le nombre de maisons considérées comme à risque d’inondation au Québec pourrait passer de 6000 à 40 000 d’ici les 20 à 50 prochaines années, selon une récente étude de l’Institut canadien des choix climatiques (ICCC).

« C’est connu, au Québec, on a beaucoup d’eau, c’est l’un des endroits considérés comme les plus à risque de connaître des inondations, des glissements de terrain », explique Pierre-Paul Malenfant, président de l’Ordre des travailleurs sociaux et des thérapeutes conjugaux et familiaux du Québec (OTSTCFQ).

« C’est important d’être proactifs et d’être conscients des risques que les changements climatiques génèrent pour tous les aspects de la société », note-t-il en entrevue avec La Presse.

Pour la première fois cette année, la justice climatique est le thème de la formation annuelle des membres de l’Ordre.

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Pierre-Paul Malenfant, président de l’Ordre des travailleurs sociaux et thérapeutes conjugaux et familiaux du Québec

Des effets à court et long terme

Problèmes de sommeil, d’adaptation, anxiété, irritabilité, difficultés familiales, dépression : « Nos réactions sont normales, c’est l’évènement qui n’est pas normal », rappelle M. Malenfant. Il ajoute qu’il est important d’aller consulter si ces difficultés nous empêchent de fonctionner.

« Quand ça touche notre maison, qu’on est évacué de notre logis – l’endroit où on se réfugie normalement, lorsqu’il y a des problèmes à l’extérieur –, on perd ce nid-là », enchaîne M. Malenfant.

Sans compter que tous ne sont pas égaux devant la catastrophe.

Il y a des personnes qui, avant même le sinistre, ont des conditions socioéconomiques très défavorables, des logements en mauvais état, des handicaps. Ces gens-là sont déjà vulnérables.

Pierre-Paul Malenfant, président de l’OTSTCFQ

Au Québec, les intervenants sociaux sont déployés pendant toutes les phases d’une crise, des premiers jours aux mois subséquents. À Sainte-Marthe-sur-le-Lac, l’équipe spécialisée du CISSS des Laurentides est restée sur place pendant 18 mois, selon les informations de M. Malenfant.

« On n’est jamais totalement prêts : il faut faire de la formation, il faut donner de l’information, il faut faire des exercices, rester proactifs. C’est la clé », estime le président de l’Ordre.

Pour lui, la résilience face aux changements climatiques passe aussi par le côté « services sociaux » du système de santé. « Tous les gouvernements doivent se préparer », conclut-il.

Les formations de l’OTSTCFQ toucheront, au cours des deux prochains mois, à des thèmes comme l’écoanxiété, le rôle des intervenants sociaux auprès des sinistrés, les inégalités sociales, sans oublier une revue des évènements climatiques extrêmes qui ont touché le Québec dans les dernières années.

Lisez notre reportage de mardi sur les inondations