Depuis l’implantation du passeport vaccinal dans certains lieux publics, mercredi, des restaurateurs ont perçu une diminution de leur nombre de clients. Pour d’autres, la clientèle est toujours au rendez-vous. La Presse est allée à leur rencontre.

Malgré l’air frais, beaucoup de gens déambulaient sur l’avenue du Mont-Royal, samedi soir. De nombreuses personnes étaient aussi attablées sur des terrasses.

Les tables extérieures du bar Le Rouge Gorge étaient toutes occupées, sur le coup de 19 h. Un gardien de sécurité s’affairait à scanner le passeport vaccinal des clients et à vérifier leur pièce d’identité. Un cordon jaune tenu par des poteaux noirs délimitait une aire d’attente où les clients contrôlés pouvaient patienter.

PHOTO PASCAL RATTHÉ, COLLABORATION SPÉCIALE

Éric Paradis, responsable d’équipe au bar Le Rouge Gorge

Je pense qu’il y a une légère baisse [du nombre de clients]. Il y en a que j’ai dû refuser parce qu’ils n’avaient pas la preuve adéquate. Mais en règle générale, ça se passe plutôt bien. Les gens comprennent.

Éric Paradis, responsable d’équipe au bar Le Rouge Gorge

Toutefois, Éric Paradis estime que la diminution de l’achalandage pourrait être liée au long week-end, ou à la température plus froide.

Même son de cloche au restaurant L’Entrepôt, ayant pignon sur rue quelques mètres plus loin. « C’est plus tranquille, je dirais, depuis le passeport vaccinal, mais je ne sais pas si ça a un lien avec le retour à l’école », lance Romain Deschamps, un employé du restaurant qui se tenait à l’entrée, une tablette électronique entre les mains.

PHOTO PASCAL RATTHÉ, COLLABORATION SPÉCIALE

Angélie Ménard et Olivier Guilbault

Attablés sur la terrasse de L’Entrepôt, qui était remplie au passage de La Presse, Olivier Guilbault et Angélie Ménard sont indifférents à la mise en place du passeport vaccinal. « J’avais déjà mes vaccins avant, ça n’a pas vraiment changé mes habitudes de vie », affirme Angélie Ménard. Pour Olivier Guilbault, la preuve vaccinale demande « plus de gestion », mais elle ne l’importune pas.

Au restaurant Barraca, Louisa Joseph et Marie-Mythzy Larrieux n’ont pas présenté leur preuve de vaccination, en invoquant les deux semaines d’adaptation permises par Québec. À partir du 15 septembre, les restaurants se verront imposer des sanctions s’ils ne scannent pas le passeport sanitaire de tous les clients.

Les deux travailleuses communautaires ne s’opposent pas à la vaccination, mais sont contre le passeport vaccinal. Selon elles, cette mesure contribue à l’exclusion de certaines personnes et contraint la liberté des gens.

PHOTO PASCAL RATTHÉ, COLLABORATION SPÉCIALE

Louisa Joseph

Avec ce focus sur le passeport vaccinal, on oublie les autres façons de se protéger. Le masque, se laver les mains, les deux mètres.

Louisa Joseph

« On ne parle pas d’être contre ou pour le vaccin. On parle juste d’accès à la socialisation, à aller dans un bar avec des amis. On parle d’enjeux de santé mentale beaucoup durant la pandémie », affirme Louisa Joseph, en évoquant les difficultés vécues par beaucoup de gens au cours de cette période.

PHOTO PASCAL RATTHÉ, COLLABORATION SPÉCIALE

Karl Leblanc, copropriétaire du restaurant Chez Victoire

Le copropriétaire du restaurant Chez Victoire, Karl Leblanc, ne perçoit pas de diminution de l’achalandage. « Les gens sont coopératifs », explique-t-il, en disant avoir une « belle clientèle ».

666 nouveaux cas au Québec

La Santé publique a rapporté samedi 666 nouveaux cas de COVID-19 au Québec. Un décès supplémentaire a été recensé, mais le nombre d’hospitalisations est demeuré stable.

Toutefois, trois patients de plus se trouvent aux soins intensifs. Le nombre total de personnes qui s’y trouvent est donc passé de 49 à 52.

Le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, a exprimé son inquiétude concernant une possible surcharge du système de santé dans une publication Twitter.

Les nouvelles hospitalisations quotidiennes mettent une pression énorme sur notre personnel, particulièrement dans le Grand Montréal. Pour limiter les hospitalisations et particulièrement l’impact sur les soins intensifs, il faut continuer d’augmenter notre couverture vaccinale et suivre les mesures sanitaires.

Christian Dubé, ministre de la Santé et des Services sociaux, sur Twitter

Parmi les nouvelles infections décelées, 466 sont survenues chez des personnes non vaccinées, ou ayant reçu leur première dose depuis moins de 14 jours. À ce nombre s’ajoutent 76 primovaccinés, et 124 personnes ayant retroussé leur manche à deux reprises.

En date du samedi 4 septembre, 87 % des Québécois de 12 ans et plus avaient reçu au moins une dose de vaccin. De ce nombre, 80 % avaient reçu deux doses.

Un sommet en Ontario

L’Ontario a recensé 944 nouveaux cas de coronavirus samedi, un sommet en trois mois. Neuf décès liés au virus se sont ajoutés au bilan.

Parmi les nouveaux cas rapportés, 736 ont été décelés chez des personnes non vaccinées, ou dont on ignorait le statut vaccinal, a indiqué la ministre de la Santé de la province, Christine Elliott.

Parmi les 309 patients hospitalisés en raison de la COVID-19 en Ontario – dont 172 aux soins intensifs –, 39 sont adéquatement vaccinés.

En Ontario, 83,5 % des gens de 12 ans et plus ont reçu une dose de vaccin, et 76,9 % deux injections. La province compte mettre en place un passeport vaccinal pour faire grimper ces données.

Avec La Presse Canadienne