Une Canadienne coincée en Afghanistan avec ses parents dit qu’elle est terrifiée à l’idée de mourir avant de pouvoir retourner chez elle en Ontario et blâme le premier ministre Justin Trudeau pour la situation.

Zak, qui a demandé que son nom complet ne soit pas révélé en raison de craintes pour sa sécurité, a déclaré jeudi que l’armée canadienne semblait désorganisée lors des évacuations de l’aéroport de Kaboul.

La femme de 50 ans a pleuré et a déclaré qu’elle était en colère contre M. Trudeau pour avoir tourné le dos aux citoyens canadiens dans ce pays.

« Comment peut-il dormir la nuit [s’il] sait que des gens ont de la famille laissée derrière ? », a-t-elle déclaré à La Presse Canadienne dans un entretien téléphonique.

« Comment [le] gouvernement canadien peut-il [dire], “Nous sommes le meilleur pays du monde”, [et tourner] le dos à ses citoyens ? Pourriez-vous lui poser cette question ? Quelqu’un peut-il lui poser la question ? »

Zak a déclaré qu’elle avait laissé ses trois enfants adultes à la maison à Brampton, en Ontario, et qu’elle s’était rendue en Afghanistan en août pour tenter d’assurer la sécurité de ses parents alors que les talibans prenaient le contrôle du pays.

Elle a tenté à deux reprises de partir avant l’échéance du 31 août fixée pour la fin de la mission militaire dirigée par les États-Unis. Toutefois, elle a été battue par des talibans et chassée d’une entrée de l’aéroport, où on lui avait dit de rencontrer des responsables canadiens pour obtenir un vol de retour, a-t-elle affirmé.

Jeudi, lorsque les dernières troupes canadiennes ont quitté le pays, elle a de nouveau tenté de monter dans un avion, mais a été arrêtée par les talibans, a dit Zak.

L’armée américaine a coordonné avec ses citoyens des rencontres dans des endroits plus sûrs, a-t-elle soutenu.

« Le gouvernement américain est entré en contact avec ses citoyens et [les responsables] leur ont donné un espace où aller. Ils y vont et ils les récupèrent à cet endroit, ou ils les envoient aux hôtels. Ils les récupèrent dans les hôtels », a-t-elle affirmé.

« Le gouvernement canadien peut sauver ses citoyens de plusieurs façons, mais il ne le fait pas. »

Zak a déclaré avoir reçu un appel à 3 h 40 du gouvernement canadien.

« Ils me disent : “Soyez à la porte à 6 h du matin et emportez de la nourriture et de l’eau avec vous”, a relaté Zak. Quand il fait noir, ce n’est pas sûr. Mais j’y suis allée plus tôt. »

Zak a indiqué qu’on lui avait également dit de porter du rouge afin que l’armée puisse la trouver à la porte, où elle serait examinée pour l’admission.

Des talibans tiraient avec des armes à feu et frappaient les gens près de la porte, a-t-elle déclaré. Elle a rencontré d’autres citoyens canadiens et a tenu près d’elle son passeport canadien pendant qu’elle tombait, se blessant à la tête et aux genoux.

Il y avait des soldats américains, mais l’armée canadienne n’était nulle part en vue, a déclaré Zak, qui a ajouté qu’elle avait attendu un moment avant de partir.

Quelques heures plus tard, une bombe a explosé là où elle attendait, a-t-elle déclaré. L’explosion a tué 13 militaires américains et au moins 60 civils afghans.

« J’ai vu tellement d’enfants là-bas. J’ai vu tellement de gens et ils sont tous morts maintenant », a déclaré Zak en larmes.

« Je suis désolée pour mon peuple. Ce sont de bonnes personnes avec un bon cœur. Chaque jour maintenant, vous attendez juste la mort. C’est une mort lente pour nous. »

M. Trudeau a été interrogé sur l’attentat à la bombe lors de la campagne électorale fédérale jeudi et a déclaré que c’était une « journée très difficile ». Il a ajouté qu’Ottawa s’est engagé à réinstaller plus de 20 000 Afghans au Canada. Le Canada a embarqué environ 3700 ressortissants canadiens et réfugiés afghans sur des vols d’évacuation au cours des dernières semaines.

La plus jeune fille de Zak, Marjan, 25 ans, a déclaré que le premier ministre devrait avoir honte.

« [Justin] Trudeau était plus intéressé par sa campagne électorale et il dit qu’il concilie les deux. Mais ce n’est évidemment pas le cas et vous pouvez le voir », a-t-elle déclaré.

« Ils étaient comme… “Allez à l’aéroport”. Mais comment êtes-vous censé vous rendre à l’aéroport quand les gens se font tirer dessus à gauche, à droite et au centre ? Il n’y a aucun moyen d’entrer », a-t-elle dit.

« Il faudra peut-être un miracle pour que ma mère rentre à la maison », a laissé tomber une autre fille de Zak, Laila.