La grogne des syndicats contre la réforme en santé-sécurité du travail ne dérougit pas, alors qu’ils ont manifesté jeudi midi devant l’Assemblée nationale.

Au même moment, l’étude détaillée du projet de loi 59, déposé par le ministre du Travail et de l’Emploi, Jean Boulet, se poursuivait en commission parlementaire.

La manifestation a réuni les principales organisations syndicales du Québec : FTQ, CSN, CSQ, CSD et d’autres.

En entrevue, le président de la FTQ, Daniel Boyer, a invité le ministre Boulet à étendre les mécanismes de prévention actuels à tous les milieux de travail, alors que ces mécanismes de prévention se concentrent à l’heure actuelle sur les milieux dits prioritaires.

PHOTO CATHERINE LEFEBVRE, ARCHIVES COLLABORATION SPÉCIALE

Le ministre du Travail et de l’Emploi, Jean Boulet

« Pourtant, c’était l’objectif du ministre quand il a déposé son projet de loi, à savoir qu’on veut être plus préventif en matière d’accidents de travail. Nous, on pense que le ministre ne va pas dans la bonne direction. Il faut qu’il ait un peu plus de courage politique que ce qu’il a démontré à date et qu’il impose les mécanismes de prévention dans l’ensemble des milieux de travail », a plaidé M. Boyer.

Ces quatre mécanismes sont le programme de prévention, le programme de santé, le comité de santé-sécurité et le représentant à la prévention.

Nous, ce qu’on veut, c’est que notre monde qui quittent pour travailler le matin, reviennent chez eux debout, en santé, à la fin de leur journée de travail.

Daniel Boyer, président de la FTQ

Les employeurs trouvent toutefois que le régime est trop lourd, trop coûteux et qu’il doit être resserré pour devenir plus efficace.

Là-dessus, M. Boyer cite le Vérificateur général qui a déjà souligné que chaque dollar investi en prévention permettait d’épargner 10 $ en réparations, indemnisations.

CSD aussi mécontente

Quant au président de la Centrale des syndicats démocratiques (CSD), Luc Vachon, il a dit estimer que la réforme actuelle remet en question la participation des travailleurs à la prévention des accidents et maladies dans leur milieu de travail, alors qu’il a été prouvé que celle-ci est bénéfique.

« Les propositions que l’on retrouve dans le projet de loi vont à l’encontre même des principes fondateurs des lois en santé et sécurité. Elles viennent attaquer de plein fouet la participation des travailleuses et travailleurs, alors qu’il est clairement démontré que c’est un facteur de réussite », a-t-il affirmé.

« Si on veut réduire les coûts, ça ne passe pas par une réduction des protections, mais par plus de prévention. Le projet de loi, dans sa forme actuelle, n’est pas là du tout », a critiqué M. Vachon.