(Ottawa) À la veille d’une réunion spéciale des dirigeants du G7 sur la crise en Afghanistan, les autorités canadiennes affirment que des membres des forces spéciales de l’armée sortent des limites strictes de l’aéroport de Kaboul, secteur très chaotique, pour amener des gens vers les avions.

Les responsables n’ont pas voulu fournir plus de détails, lundi, pour des raisons de sécurité, mais ils ont déclaré qu’ils réussissaient à mettre maintenant plus d’Afghans en sûreté.

Ils ont déclaré qu’un appareil C-17 Globemaster canadien avait décollé de l’aéroport de Kaboul dimanche soir avec 436 personnes à bord, dont des citoyens canadiens et des membres de leur famille, ainsi que des ressortissants afghans acceptés pour une réinstallation par le Canada et ses alliés. La veille, on avait réussi à faire sortir de Kaboul 121 personnes par avion, indique-t-on.

« Nous réussissons à amener un nombre important de personnes (à l’aéroport de Kaboul), ce qui constitue une amélioration significative depuis les derniers jours », a déclaré un responsable. « Nous avons pris la décision de révéler que les forces spéciales du Canada ont été et continuent de travailler en dehors des limites de l’aéroport », a-t-il ajouté.

Le responsable a déclaré que les membres des forces spéciales « travaillaient sans relâche » pour faire passer le plus de citoyens canadiens et d’Afghans admissibles à travers les barrières de sécurité vers les avions en attente à l’aéroport.

Cette information a été donnée lundi lors d’un point de presse pour les journalistes, à condition que les responsables ne soient pas nommés, conformément aux ententes convenues pour de tels breffages techniques.

Des Afghans désespérés et terrorisés qui ont déjà été interprètes pour les forces militaires occidentales et les agences de presse, entre autres, se cachent depuis la semaine dernière, craignant pour leur sécurité et celle de leur famille, alors que l’Afghanistan est maintenant dirigé par les talibans. Ces collaborateurs afghans craignent maintenant de violentes représailles, voire une exécution sommaire.

« Nos forces sur le terrain ont toutes les autorisations nécessaires pour faire ce qu’elles jugent nécessaire pour sauver le plus de personnes le plus rapidement possible », a déclaré le premier ministre Justin Trudeau, lundi à Halifax, lors d’une étape de campagne électorale.

Sauver d’autres Afghans

La crise en Afghanistan a occupé une place prépondérante au cours de la première semaine de cette campagne. M. Trudeau a déclaré lundi qu’il participerait mardi à une réunion virtuelle des leaders du G7, qui examinera les moyens de faire face à cette crise.

« Dans notre conversation avec les autres chefs du G7, on va parler de comment on peut en faire encore plus pour aider les gens qui sont pris en Afghanistan et qui veulent quitter, a-t-il dit. Le Canada et ses pays partenaires vont être là pour aider le plus de gens possible. »

Cela implique, a-t-il dit, d’examiner ce qui peut être fait aussi pour aider d’autres Afghans vulnérables, y compris les femmes et les enfants, ainsi que les militants des droits de la personne, les politiciens, les journalistes et d’autres Afghans qui sont maintenant dans la ligne de mire des talibans.

Les autorités canadiennes n’ont pas révélé le nombre de femmes et d’enfants qui ont été évacués jusqu’ici, notamment lors du plus récent vol, dimanche. Le ministre de l’Immigration, Marco Mendicino, a écrit sur Twitter qu’il y avait « plusieurs » enfants parmi les 436 personnes à bord de cet avion. Il soutient aussi que le Canada a aidé jusqu’à présent 1500 réfugiés afghans à se mettre en sécurité.

Le président de la section canadienne de l’organisation humanitaire « Save the Children » a appelé lundi les dirigeants mondiaux à faire davantage pour rationaliser leurs processus d’évacuation des jeunes.

« Bien que le Canada ait déjà annoncé un programme de réinstallation, il est important que les efforts d’évacuation ne soient pas entravés en raison de la paperasserie bureaucratique, car la situation exige une action urgente », a déclaré Danny Glenwright.

Au total, des responsables ont déclaré que le Canada avait évacué d’Afghanistan environ 1700 personnes sur 13 vols, dont quatre qui ont repris jeudi dernier après que le Canada et ses alliés ont réussi à sécuriser l’aéroport de Kaboul. Ce nombre comprend également des dizaines de membres du personnel des 12 autres pays qui participent au pont aérien dirigé par les États-Unis.

Des responsables canadiens ont déclaré qu’environ 300 Afghans avaient terminé leur quarantaine et seraient éventuellement réinstallés en Ontario, en Alberta et en Colombie-Britannique.

Réunion du G7

M. Trudeau n’a pas exclu par ailleurs, l’imposition de sanctions contre le nouveau régime islamiste en place en Afghanistan. « Certainement, on est en train de regarder plus de sanctions. Les talibans sont déjà reconnus comme étant une entité terroriste au Canada, mais nous allons parler avec nos homologues du G7 pour voir quelles seront les prochaines étapes qu’on devrait faire », a-t-il dit.

C’est le premier ministre du Royaume-Uni, Boris Johnson, qui a convoqué une réunion mardi des chefs de gouvernement du G7, qu’il préside cette année. À son avis, il est vital que la communauté internationale travaille de concert pour permettre que les évacuations de civils en Afghanistan soient sécuritaires. Mais il faut aussi, a-t-il ajouté, empêcher une grave crise humanitaire et protéger les acquis du peuple afghan depuis 20 ans.

Plusieurs s’attendent à ce que les alliés des États-Unis demandent au président Joe Biden de repousser la date limite du 31 août qu’il avait fixée pour le retrait des troupes américaines de l’aéroport de Kaboul.

Le secrétaire britannique à la Défense, Ben Wallace, a qualifié d’erreur cet échéancier fixé par les États-Unis dans un accord conclu avec les talibans. Il a exhorté les Américains à prolonger cette mission de plusieurs jours, mais les talibans ont prévenu que toute prolongation serait considérée comme une violation de l’accord et qu’elle aurait des conséquences.

Un représentant britannique, qui s’est exprimé sous le couvert de l’anonymat parce qu’il n’est pas autorisé à commenter le sujet, a affirmé que les discussions du G7 allaient comprendre « la coopération immédiate dans les efforts d’évacuation de Kaboul, la planification pour l’engagement à long terme en Afghanistan, la réponse humanitaire et le soutien aux réfugiés ».

Le représentant a ajouté que M. Johnson allait demander un engagement de ses homologues pour contribuer à la protection des droits des femmes et des minorités, ainsi que pour s’assurer que l’Afghanistan ne devienne pas un refuge à terroriste une fois de plus.