« Je regrette d’avoir dit ces mots-là, [je ne les ai] pas dits de façon consciente. J’ai fait beaucoup de mal. Je me mets à la place de la famille », a expliqué lundi matin Paule Rocray. L’infirmière congédiée pour avoir insulté Joyce Echaquan, mère de famille atikamekw morte à l’hôpital de Joliette sous les injures, s’est dite « honteuse ». Elle a reconnu sa culpabilité à deux chefs disciplinaires, lors d’une audience du Conseil de discipline de l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec.

La soignante a admis avoir fait preuve de violence verbale envers une patiente. L’automne dernier, les propos dénigrants entendus dans la vidéo avaient fait le tour des réseaux sociaux. Elle a également reconnu avoir fait preuve de négligence dans les soins et les traitements prodigués à une cliente, en ne procédant pas à l’évaluation requise par son état de santé. Elle n’aurait en effet pas respecté le protocole à la suite d’une chute de Mme Echaquan, âgée de 37 ans au moment des faits.

En audience, les deux parties ont demandé une radiation d’un an pour le premier chef d’accusation et une autre de six mois pour le second, à purger simultanément.

L’infirmière qui avait 33 ans d’expérience avant de perdre son emploi a raconté lundi qu’elle vivait beaucoup de stress au moment des événements, notamment à cause de la pandémie, du manque de personnel et parce qu’elle avait des difficultés d’audition. Néanmoins, elle s’explique mal pourquoi elle a été prise d’une telle colère ce jour-là, à l’Hôpital de Joliette. « Je ne me reconnais pas dans ça », a-t-elle dit au sujet des propos insultants qu’elle a tenus à l’endroit de Joyce Echaquan, quelques heures avant la mort de celle-ci, le 28 septembre 2020.

La vidéo enregistrée par Mme Echaquan à l’hôpital a été présentée lors de l’audience. On a pu y entendre l’infirmière déclarer en parlant de la patiente : « Heille t’es épaisse en câlisse », « Ça là, c’est mieux mort ça », « Ben meilleur pour fourrer que d’autre chose ça, surtout que c’est nous autres qui paient pour ça ».

Paule Rocray dit regretter ses déclarations. « J’ai fait beaucoup de peine aux Premières Nations », a-t-elle reconnu. Mme Rocray, qui est toujours membre de l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec, occupe actuellement un emploi d’intervenante dans un centre d’hébergement communautaire de Lanaudière.

Pour préserver son anonymat, l’avocat de l’infirmière a demandé que le nom de sa cliente ne soit pas divulgué. La requête a été rejetée.

Aucune décision n’a été rendue lundi matin, puisque l’affaire a été prise en délibéré.