(Montréal) Une nouvelle étude québécoise révèle l’impact notable de la réduction des limites de vitesse dans les zones rurales et périurbaines en plus de confirmer scientifiquement une évidence, celle que la vitesse tue.

Les chercheurs ont notamment démontré que la proportion de segments enregistrant des accidents graves ou mortels sur les routes sous la juridiction du ministère des Transports du Québec entre 2006 et 2013 est passée de 4 % à 1 % lorsque la vitesse a été abaissée d’au moins 20 km/h, par exemple en passant de 90 km/h à 70 km/h.

« Avoir une réduction de 3 % de nos segments qui sont touchés, ça a l’air d’être des petites statistiques, mais quand tu transfères ça en nombre de blessés, en nombre de blessés graves et en nombre de morts, c’est une réelle réduction », a insisté l’auteure principale de l’étude, la professeure Marie-Soleil Cloutier de l’Institut national de la recherche scientifique (INRS), en entrevue avec La Presse Canadienne.

L’une des forces de cette étude qui vient de paraître dans le Journal of Transport & Health réside dans l’utilisation d’un « groupe témoin », ce qui renforce la valeur de la statistique. Autrement dit, la proportion de segments où il y a eu des accidents n’a diminué qu’à 3 % dans les cas où il n’y a pas eu de réduction de la limite de vitesse, un écart que la chercheuse attribue à la tendance générale.

Il s’agit d’une des rares études empiriques à l’échelle internationale qui s’intéresse aux effets d’une réduction des limites de vitesse, selon une recension menée par les chercheurs. La plupart des écrits scientifiques dateraient des années 70, 80 et 90 et s’intéressaient à l’augmentation des limites, principalement sur les autoroutes.

Les résultats de l’étude permettront de justifier la mise en place d’une politique provinciale de réduction de vitesse, selon Ugo Lachapelle, le coauteur et professeur au Département d’études urbaines et touristiques de l’UQAM.

De combien réduire

Les demandes de réduction de vitesse proviennent présentement du périurbain, a expliqué la professeure Cloutier, soit des zones qui étaient rurales il n’y a pas si longtemps, mais qui sont en train de se densifier. Le problème est principalement dans « les entrées de villages » en ce moment.

« Ce qu’on veut, c’est d’aider le ministère à dire aux municipalités : "Oui, vous pouvez la réduire [la limite de vitesse] et puis voilà de combien vous devriez la réduire" », a déclaré la chercheuse.

Sans surprise, la réduction des limites de vitesse suggérée varie en fonction de l’environnement. Passer de 90 km/h ou 80 km/h à 70 km/h sur des routes rurales avec des maisons pourrait être suffisant, mais il faudrait s’en tenir à 50 km/h là où il y a « du va-et-vient », par exemple de nouveaux développements immobiliers, une école, un centre de loisirs ou une piste cyclable comme la route verte.